Information urgente sur EPREX® et notification de cas d'érythroblastopénie - Communiqué

19/07/2002

EPREX® est une érythropoiétine, stimulant la formation d'hématies à partir des cellules souches de la moelle osseuse. Elle est commercialisée en France par les laboratoires Janssen-Cilag, et est indiquée dans le traitement de l'anémie de l'insuffisant rénal chronique, l'anémie et la réduction des besoins transfusionnels des patients adultes traités par chimiothérapie (tumeurs solides, lymphomes malins ou myélomes multiples), les programmes de transfusion autologue, et la chirurgie orthopédique majeure programmée.

En novembre 2001, à la suite de la notification d'une quarantaine de cas d'érythroblastopénie dans le monde chez des patients traités par EPREX®, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait déjà informé les professionnels de santé d'un risque possible de survenue d'érythroblastopénie chez des patients insuffisants rénaux chroniques, traités par EPREX®. Dans la plupart des cas, les patients présentaient après plusieurs mois de traitement un échappement thérapeutique avec apparition d'une anémie sévère, et une érythroblastopénie liée à la production d'anticorps anti-érythropoiétine.

Au 31 mai 2002, 141 cas d'érythroblastopénie au total ont été répertoriés dans le monde chez des insuffisants rénaux chroniques traités par EPREX®, le plus souvent par voie sous-cutanée. 114 cas ont été confirmés par biopsie médullaire, et 66 des 80 patients testés présentent des anticorps anti-érythropoétines. L'incidence des cas suspectés d'érythroblastopénie a été estimée à 0,67 pour 100 000 patients-année pour la voie intraveineuse, contre 20,06 pour 100 000 patients-année pour la voie sous-cutanée. Cet effet indésirable est rare mais sévère puisque sa survenue contre-indique ensuite tout traitement par une autre érythropoiétine, et que malgré l'arrêt du traitement, la plupart des patients deviennent transfusion-dépendants.

Bien que quelque cas d'érythroblastopénie aient aussi été observés avec d'autres érythropoétines commercialisées (moins d'une dizaine de cas dans le monde), la grande majorité de ces cas ont été rapportés avec EPREX®. Il n'y a pas d'explication à ce jour qui permette d'expliquer de façon satisfaisante l'émergence de ces cas avec EPREX® depuis 1998, alors que l'Eprex® est utilisé chez les insuffisants rénaux chroniques depuis 1988 et il n'est pas exclu que l'origine de ces anémies sévères soit plurifactorielle.

D'autre part, la littérature scientifique suggérant que toutes les protéines exogènes ont un potentiel immunogène plus important lorsqu'elles sont administrées par voie sous-cutanée, et compte tenu des données cliniques disponibles et de l'évaluation du groupe européen de pharmacovigilance, réuni les 9 et 10 juillet 2002, l'Afssaps a décidé de recommander :

  • l'utilisation préférentielle de la voie intraveineuse par rapport à la voie sous-cutanée chez des patients insuffisants rénaux chroniques traités par EPREX®,
  • lorsqu'il n'est pas possible d'utiliser la voie intraveineuse, de réévaluer le traitement par EPREX® en tenant compte des risques liés à une administration sous-cutanée et des alternatives thérapeutiques disponibles.

Selon une procédure européenne d'urgence notifiée le 12 juillet 2002, l'information contenue dans le Résumé des Caractéristiques du Produit EPREX® aux sections Posologie et mode d'administration, Contre-indications, Mises en garde et précautions particulières d'emploi et effets indésirables a été modifiée.

Une lettre d'information reprenant ces éléments a été envoyée le 17 juillet 2002 par ORTHO-BIOTECH, division de Janssen-Cilag aux professionnels de santé : néphrologues, hématologues, médecins internistes (hôpital et ville) et pharmaciens hospitaliers. Cette lettre ainsi qu'un ensemble de questions / réponses sont disponibles sur le site Internet de l'Afssaps www.afssaps.sante.fr .

Contact : Henriette Chaibriant 01 55 87 30 18 - henriette.chaibriant@afssaps.sante.fr