Note à l'attention des prescripteurs de plasma frais congelé

07/06/2002

Madame, Monsieur,

Le réseau d'hémovigilance de l'Afssaps a été destinataire récemment d'une observation d'hyperphosphatémie (2 à 3 mmol/L) chez un patient traité par échange plasmatique, au cours d'un syndrome hémolytique et urémique de l'adulte (SHU), sans que des manifestations cliniques, biologiques ou électrocardiographiques ne soient associées. Ces échanges plasmatiques avaient été réalisés avec du plasma frais congelé traité par solvant détergent, dénommé également Plasma Viro-Atténué (PVA). Cette hyperphosphatémie a été rapidement régressive à l'arrêt de la transfusion et n'a pas nécessité d'autre mesure thérapeutique qu'une hyperdiurèse.
Une deuxième observation d'hyperphosphatémie, dans les mêmes circonstances, a été rapportée par la suite, sur des lots différents de PVA.

L'analyse de cette observation a permis de mettre en évidence que la concentration de phosphate dans le PVA est beaucoup plus élevée (9 à 12 mmol/L selon les lots) que la concentration connue dans le plasma frais congelé sécurisé par quarantaine (en moyenne 0,74 mmol/L).Cette concentration élevée de phosphate est susceptible d'entraîner chez les patients transfusés avec du PVA une hyperphosphatémie, d'autant plus importante :

  • que les volumes de PVA transfusés sont importants ;
  • qu'ils sont répétés de façon journalière ;
  • que pré-existe chez le patient une insuffisance rénale ;
  • que pré-existe chez le patient une hyperphosphatémie.

Toutefois, il faut souligner que ces incidents restent aujourd'hui isolés, puisque la revue de la littérature et de la base de données d'hémovigilance française GIFIT n'a pas permis de retrouver d'autre signalement d'incident ou d'accident relatif à une hyperphosphatémie après transfusion de plasma, de quel que type que ce soit.

Cette concentration élevée de phosphate dans le Plasma Viro-Atténué est retrouvée dans tous les lots, et est inhérente au processus de fabrication du produit qui fait appel à de grands volumes de tampon phosphate. Le producteur du PVA (EFS Aquitaine-Limousin) étudie actuellement les possibilités de réduire cette concentration résiduelle en phosphate.

Dans l'attente de données complémentaires, il est recommandé aux prescripteurs de surveiller la phosphatémie chez les patients recevant du Plasma Viro-Atténué par solvant - détergent (PVA) et particulièrement :

  • pour les patients susceptibles de présenter une hyperphosphatémie : hypoparathyroïdie, acromégalie, maladie de Paget, syndrome de lyse tumorale et plus généralement une insuffisance rénale ;
  • pour les patients présentant d'emblée une hyperphosphatémie quelle qu'en soit la cause ;
  • pour les patients recevant de fortes doses de Plasma Viro Atténué (PVA) : micro angiopathie thrombotique, en particulier le purpura thrombotique thrombocytopénique et le syndrome hémolytique et urémique, transplantation hépatique…

Les observations d’hyperphosphatémies supérieures à 2 mmol/L, les anomalies associées et les conséquences cliniques éventuelles devront être signalées sans délai dans le cadre de la déclaration d’incident transfusionnel prévue par l’article R.666-12-24 du code de la santé publique.

Une synthèse des observations et de l’évolution de la concentration résiduelle en phosphate dans le PVA sera réalisée dans les 6 mois afin d’actualiser ces recommandations

Philippe DUNETON