Etat des lieux de la consommation des benzodiazépines - Point d'Information

05/04/2017
Une diminution modérée de la consommation des benzodiazépines est observée en France depuis ces trois dernières années. Bien que le niveau en 2015 soit le plus bas que l’on ait observé depuis 2000, le nombre de français consommant une benzodiazépine reste encore trop élevé, en particulier chez les plus de 65 ans. Aussi, il demeure nécessaire de continuer à mobiliser l’ensemble des professionnels de santé et de renforcer l’information des patients sur les risques liés aux benzodiazépines tout en gardant à l’esprit que, bien utilisées,  elles sont des médicaments indispensables dans l’arsenal thérapeutique.L’ANSM va ainsi poursuivre ses actions pour renforcer le bon usage de ces médicaments.

Commercialisées depuis les années 60, les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Elles sont indiquées dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil et de l’épilepsie. Vingt benzodiazépines et apparentés sont actuellement commercialisées en France.

Compte tenu de l’importance de la consommation de ces médicaments en France, de leur profil de sécurité d’emploi et de certains usages problématiques, les benzodiazépines font, depuis longtemps, l’objet d’une attention particulière de la part des autorités sanitaires. De nombreuses mesures ont ainsi été mises en œuvre pour améliorer leur usage, maîtriser leur consommation et éviter leur potentiel usage détourné.

Dans ce contexte, l’ANSM publie régulièrement un état des lieux de leur consommation et des données de pharmacovigilance et d’addictovigilance. Ce rapport en est la troisième actualisation et présente les données jusqu’à l’année 2015 incluse.

Les principaux résultats : les données de consommation

Bien que les dernières données montrent une baisse de la consommation de benzodiazépines, le nombre d’utilisateurs en France reste cependant élevé. Près de 13,4% de la population française a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement).

La France se situe derrière l’Espagne au 2ème  rang de la consommation des benzodiazépines en Europe, mais c’est en France que la plus forte diminution est observée entre 2012 et 2015 (10 % versus 5,1% de diminution  globale en Europe).
En 2015, 64,6 millions de boîtes de benzodiazépines anxiolytiques (versus 64,9 en 2010) et 46,1 millions de boîtes d’hypnotiques (versus 48,2 en 2010) ont été vendues en France.
La proportion d’utilisateurs de benzodiazépines est en baisse de 5,7% en 2015 par rapport à 2012. Cette baisse est plus prononcée pour les hypnotiques (-12,8%) que pour les anxiolytiques (-3,8%). La consommation concomitante d’anxiolytique et d’hypnotique a également diminué, passant de 3,1% en 2012 à 2,7% en 2015

Ce sont les femmes qui consomment le plus de benzodiazépines, quel que soit l’âge. Cette prévalence augmente avec l’âge et est la plus importante chez les femmes de plus de 80 ans.

La proportion de français ayant débuté un traitement par benzodiazépines, quelle que soit l’indication, est de 5,4%. Elle est restée stable entre les années 2012 et 2014 pour les benzodiazépines anxiolytiques, mais a en revanche légèrement diminué pour les benzodiazépines hypnotiques.

L’âge médian des nouveaux utilisateurs de benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques) est de 49 ans.

Les traitements sont initiés par un médecin généraliste dans environ 82 % des cas. La durée du premier épisode de traitement est inférieure ou égale à 28 jours dans 75 % des cas et inférieure à 12 semaines dans 90% des cas. De 2012 à 2014, 15% des nouveaux utilisateurs ont eu un premier épisode de traitement d’une durée non conforme avec les recommandations, parmi lesquels environ 2% de plus d’un an.

Les benzodiazépines les plus utilisées sont l’alprazolam, suivi du zolpidem et du bromozépam. Il est à noter cependant une diminution de la consommation de zolpidem et zopiclone concordante avec une baisse de la consommation des hypnotiques.

Les benzodiazépines anxiolytiques à demi-vie longue (bromazépam et prazépam) sont moins consommées au profit des benzodiazépines à demi-vie courte (alprazolam et oxazépam) qui présentent un risque théorique plus important de dépendance mais un moindre risque d’accumulation dans l’organisme en particulier chez la personne âgée.

Suite à la mise en place en 2011 et 2012 de mesures réglementaires plus strictes encadrant l’accès au clonazépam, principale benzodiazépine anticonvulsivante, une forte baisse de sa consommation a été observée. Elle a ainsi diminué de 84% en 5 ans.

Les principaux résultats : les données de vigilance et de sécurité

Les dernières données de pharmacovigilance confirment le profil de risque déjà connu de ces médicaments. Environ 23% des effets indésirables graves déclarés avec les benzodiazépines sont des affections du système nerveux (somnolence, comas, convulsions voire, plus rarement, amnésies). Les affections psychiatriques représentent 12% des effets indésirables graves des benzodiazépines anxiolytiques et 17% des hypnotiques avec majoritairement des états confusionnels. Les risques d’effets indésirables graves sont accrus chez le sujet âgé chez qui les chutes sont fréquemment rapportées. Quel que soit l’âge, l’usage des benzodiazépines expose à un risque d’abus et de dépendance physique et psychique avec un syndrome de sevrage à l’arrêt. D’autre part, les benzodiazépines sont les substances les plus impliquées dans la soumission chimique.

La consommation de benzodiazépines expose également à une augmentation du risque d’accidents de la route. Des études internationales montrent une augmentation de  60 à 80% du risque d’accidents, ce risque étant multiplié par 8 en cas de consommation concomitante avec de l’alcool. Toutes les benzodiazépines sont désormais classées en « niveau trois » de danger depuis le 13 mars 2017, se traduisant par une incompatibilité majeure avec la conduite automobile.

En conclusion, si le niveau de consommation en France de benzodiazépines reste à un niveau élevé, les résultats de cet état des lieux sont encourageants. Il est donc nécessaire de poursuivre les efforts, en lien avec les professionnels de santé, et en améliorant l’information des patients et du grand public

L’ANSM rappelle que les professionnels de santé doivent déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d’être du à un médicament dont ils ont connaissance au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent géographiquement.

Les patients et les associations agréées de patients peuvent également signaler tout effet indésirable à leur centre régional de pharmacovigilance.

Pour plus d’information :  Déclarer un effet indésirable