Nouvelles avancées dans le dépistage et le traitement de l’hépatite C - Point d'information

27/05/2011
Suite à la Journée nationale de lutte contre les hépatites B et C, l’Afssaps rappelle son engagement pour mettre rapidement à disposition des malades infectés par le virus de l’hépatite C (VHC) des produits contribuant à améliorer le dépistage et le traitement :
  • tests rapide d’orientation diagnostique à partir d’échantillons de sang et/ou de salive,
  • nouveaux médicaments de la famille des inhibiteurs de protéases, actifs sur le VHC.

L’engagement de l’Afssaps

L’Agence participe très activement à l’élaboration des recommandations européennes pour le développement des médicaments de l’hépatite C. Elle délivre des conseils scientifiques sur une grande majorité des nouveaux médicaments de ce domaine. Elle autorise les essais cliniques (46 depuis 2006), qu’elle publie depuis juin 2009 sur son Répertoire public des essais cliniques  (29 essais publiés ce jour).

Elle accélère la mise à disposition des nouveaux médicaments avant même qu’ils aient obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM), dans les situations de besoin thérapeutique non couvert, par le biais des autorisations temporaires d’utilisation (ATU)  ; ceci avait déjà été le cas pour la ribavirine, l’interféron et l’est, aujourd’hui, pour les nouveaux médicaments de la famille des inhibiteurs de protéases. Elle porte au niveau de l’Agence européenne l’évaluation du dossier d’enregistrement de deux nouvelles molécules de cette famille pharmacologique.

Pour mener à bien ces différentes actions, l’Afssaps s’est entourée des compétences nécessaires et a établi des relations avec les acteurs de la lutte contre les hépatites : constitution d’un groupe d’experts internes et externes dédié à ce domaine ; travaux en lien avec les associations de patients à l’écoute des attentes exprimées ; partenariat avec l’ANRS afin d’assurer la mise en place d’essais thérapeutiques dans les situations de besoin, une cohérence dans l’accès aux traitements et une surveillance nationale au plan de la santé publique.

Enfin, l’Afssaps a initié, dans le cadre de ses missions de surveillance du marché des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro , un contrôle technique des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) du VHC, qui offrent des perspectives intéressantes pour le dépistage des populations exposées.

Les nouveaux traitements de l’hépatite C

Depuis plusieurs années, la prise en charge thérapeutique des patients infectés par le VHC repose sur une bithérapie comprenant l’interféron (standard, puis pégylé), associé à la ribavirine. Dans la population des patients infectés par un VHC de génotype 1, majoritaire en Europe (dont la France), cette bithérapie ne permet d’obtenir que des taux de réponse virologique limités, se traduisant, en première intention, par un échec thérapeutique chez plus d’un patient sur deux. Les taux de réponse sont encore plus faibles lors d’une seconde bithérapie chez des patients en échec thérapeutique.

Un grand nombre de nouveaux antiviraux sont actuellement en développement clinique : inhibiteurs de protéase, inhibiteurs de polymérase (nucléosidiques et non nucléosidiques). Les deux premiers inhibiteurs de protéase actifs sur le VHC, le bocéprévir et le télaprévir, ont fait l’objet d’essais de phase III chez des patients ayant une hépatite chronique à VHC de génotype 1 (naïfs et prétraités par bithérapie). Les résultats montrent qu’ajoutés à la bithérapie avec interféron pégylé et ribavirine, ces antiviraux permettent d’obtenir un gain important en termes de réponse virologique soutenue (corrélée à la guérison clinique) par rapport à la seule bithérapie, avec dans certains cas une réduction notable de la durée totale de traitement (par rapport à 48 semaines avec la bithérapie).

Ces deux inhibiteurs de protéase de première génération ont été mis à disposition des patients par l’Afssaps dans le cadre d’une ATU de cohorte, depuis janvier 2011, chez les patients mono-infectés cirrhotiques et prétraités par bithérapie. L’ATU de cohorte du bocéprévir va être élargie aux patients co-infectés par le VIH, pour lesquels la situation de besoin est importante.

Sur le modèle de son implication dans le domaine du VIH, l’Afssaps est très engagée dans l’évaluation des demandes d’AMM du bocéprevir (Victrelis®) et du télaprévir (Incivo®), la France étant respectivement état rapporteur et co-rapporteur au sein de l’Union Européenne pour ces dossiers. Un avis favorable pour l’AMM de Victrelis®) vient d’être rendu par le Comité des spécialités pharmaceutiques de l’Agence européenne (EMA). Quant au dossier de l’Incivo®, qui a été déposé ultérieurement, il est encore en cours d’évaluation au plan européen.

En parallèle, l’ANRS a mis en place, après autorisation de l’Afssaps, l’observatoire CUPIC qui évaluera l’ensemble des patients traités en France par ces nouveaux traitements et permettra une optimisation des connaissances (notamment sur l’impact des résistances associées à ces nouveaux antiviraux) et du suivi sur ces médicaments.

Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) du VHC

Le renforcement du dépistage des populations exposées est un enjeu de santé publique important dans la mesure où un grand nombre de personnes ignorent actuellement qu’elles sont porteuses du VHC, alors qu’elles pourraient bénéficier de traitements adaptés. L’arrivée de tests d’utilisation simple et rapide, développés avec cet objectif, nécessite d’en évaluer préalablement la performance.
A ce jour, il existe en France quatre tests permettant le dépistage rapide des anticorps dirigés contre le VHC. Deux de ces tests peuvent être utilisés sans équipement particulier auprès des patients, l’un à partir d’échantillons de sang total capillaire, le second, soit à partir de sang total capillaire, soit d’échantillons salivaires. L’Afssaps réalise actuellement un contrôle technique de ces tests pour obtenir des informations précises sur leurs performances générales. Le panel des échantillons sériques et plasmatiques, sur lesquels est effectué ce contrôle, a été choisi avec soin, de façon à refléter la distribution du virus de l’hépatite C en France en termes de génotypes, mais aussi de répartition entre les infections chroniques et résolues.

Afin d’apprécier la spécificité des tests, des échantillons négatifs sont aussi utilisés pour ces contrôles. Ils proviennent de donneurs de sang, mais également de patients présentant des infections par d’autres virus (VIH et VHB), ce qui reflète la situation dans laquelle le dépistage du VHC par TROD pourrait être proposé.

Dans la mesure où les performances sont, en règle générale, meilleures sur le sérum ou le plasma que sur le sang total ou la salive, il sera nécessaire d’envisager, dans un second temps et en fonction des résultats obtenus, une étude mettant en œuvre des prélèvements de sang total et de salive.

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