Prise en charge thérapeutique des patients atteints de MICI en France : une étude de l’ANSM - point d'Information

21/11/2016
L’équipe du département de pharmaco-épidémiologie de l’ANSM décrit, dans une étude publiée dans la revue Alimentary Pharmacology and Therapeutics (AP&T) d’octobre 2016, la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques inflammatoires intestinales (MICI) en France depuis 2009. Réalisée à partir des données du SNIIRAM, cette étude renseigne sur la population atteinte de MICI ainsi que sur la fréquence d’exposition aux différents types de traitements entre 2009 et fin 2014. Peu de données récentes étaient disponibles alors que la prise en charge thérapeutique de ces patients a fortement évolué ces dernières années avec une introduction plus précoce de traitements immunomodulateurs et immunosuppresseurs (IM-IS).

Cette étude a permis d’identifier 210 001 patients atteints de MICI en France, dont 140 276 avec une maladie diagnostiquée avant le 1er janvier 2009 et  69 725 patients nouvellement identifiés entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2013. Les patients ont été suivis jusqu’au 31 décembre 2014. La proportion d’hommes était de 46,1% ; 52,3% avaient une rectocolite hémorragique (RCH) et 47,7% une maladie de Crohn (MC).

Cinq ans après le diagnostic, parmi les patients atteints de maladie de Crohn, 43,6% ont reçu des  thiopurines en monothérapie, 33,8% des anti-TNFs en monothérapie et 18,3% une combothérapie thiopurines+anti-TNFs. Parmi les patients atteints de RCH, ces proportions sont respectivement 24,9%, 12,9% et 7,4%.

Parmi les patients incidents ayant reçu des thiopurines ou des anti-TNFs, le premier traitement était majoritairement des thiopurines (plus de 70%). Parmi les patients traités par des anti-TNFs, 45,2% ont commencé le traitement en monothérapie dans les trois mois suivant le diagnostic de maladie de Crohn (38,2% pour RCH). Parmi les patients traités par une combothérapie thiopurines+anti-TNFs, 54,5% ont commencé ce traitement dans les trois mois suivant le diagnostic de maladie de Crohn (39,9% pour RCH).

Suite à l’initiation d’un des traitements, le traitement IM-IS a été interrompu pour plus d’un tiers des patients, sans que ces arrêts soient expliqués par une hospitalisation ou une chirurgie. Environ 40% de ces patients ont ensuite repris le traitement précédemment interrompu.

Ainsi, même si les thiopurines restent le traitement de 1ère ligne privilégié au cours de la période récente, le niveau d’exposition aux anti-TNFs est élevé parmi les patients atteints de MICI en France. De plus, ces résultats révèlent une fréquence élevée des pauses thérapeutiques.

 
Kirchgesner J, Lemaitre M, Rudnichi A, Racine A, Zureik M, Carbonnel F, Dray-Spira R. Therapeutic management of inflammatory bowel disease in real-life practice in the current era of anti-TNF agents: analysis of the French administrative health databases 2009-2014. Alimentary Pharmacology & Therapeutics 2016 Oct 26. doi: 10.1111/apt.13835. [Epub ahead of print].