Usage détourné de médicaments antitussifs et antihistaminiques chez les adolescents et les jeunes adultes - Point d'Information

10/03/2016
L’abus de médicaments antitussifs opiacés et antihistaminiques H1, à des fins récréatives, a été mis en évidence chez des adolescents ou des jeunes adultes.L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) souhaite donc mettre en garde l’ensemble des acteurs concernés par la prise en charge sanitaire ou sociale de jeunes publics sur l’usage détourné de ces médicaments délivrés avec ou sans ordonnance.

Une boisson, appelée "purple drank", composée généralement de sirops à base de codéine, de prométhazine et de soda fait l’objet de signalements d’abus et d’usage détourné en France. Son émergence date de la fin des années 1990 aux Etats-Unis, où il constitue actuellement un problème de santé publique chez les jeunes.

La codéine est un opiacé indiqué chez l’enfant de plus de 12 ans et l’adulte dans le traitement symptomatique de la toux ou des douleurs d’intensité modérée à intense. La prométhazine est un antihistaminique H1 indiqué dans le traitement symptomatique des manifestations allergiques et en cas d’insomnies occasionnelles. Ces deux médicaments se présentent sous différentes formes utilisées pour la fabrication du "purple drank " (comprimé, sirop et solution buvable).

Alors que les premiers signalements ont été rapportés au réseau d’addictovigilance1  de l’ANSM en 2013, une nette augmentation a été constatée depuis lors. Il s’agit de demandes de délivrance suspectes rapportées par des pharmaciens d’officine mais aussi de cas de dépendance ou d’abus ayant pu conduire à une hospitalisation.

Les symptômes décrits comprennent notamment des troubles de la vigilance (somnolence) et du comportement (agitation, syndrome confusionnel ou délirant) ainsi que des crises convulsives généralisées.

Ces cas concernent des garçons comme des filles, majoritairement des adolescents (dès 12 ans), mais aussi de jeunes adultes.

Compte-tenu de l’augmentation rapide et de la persistance des signalements de l’usage détourné de ces médicaments par une population particulièrement vulnérable, l’ANSM a diffusé une mise en garde aux pharmaciens, médecins généralistes, addictologues, urgentistes, pédiatres, médecins exerçant en centres de planning familial et en PMI, services de médecine scolaire et universitaire ainsi qu’aux professionnels exerçant dans les associations de prévention d’usage de drogues et de prise en charge pour les jeunes.

Il est ainsi demandé à ces professionnels de santé d’être particulièrement vigilants face à toute demande de médicaments contenant un dérivé opiacé ou un antihistaminique qui leur semblerait suspecte et émanant en particulier de jeunes adultes ou d’adolescents.

De la même manière, il est demandé aux professionnels accueillant des jeunes dans des structures de prévention d’être vigilants face à toute constatation d’usage ou toute attitude qui pourrait faire suspecter une consommation abusive de ces médicaments.

 

Il est également rappelé que tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament doit être déclaré à un centre régional de pharmacovigilance (CRPV), ainsi que les cas d’abus et de pharmacodépendance graves à un centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (CEIP).

Pour plus d’information, consultez la rubrique   Déclarer un effet indésirable    

Lire aussi

[1]  Réseau des Centres d’Evaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP).