Leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) chez les patients traités par rituximab (Mabthera®) - Point d'information

21/01/2010
Un troisième cas de Leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) d’évolution fatale a été rapporté chez une patiente atteinte de polyarthrite rhumatoïde (PR) traitée par rituximab (Mabthera®). Cette patiente n’avait pas reçu de traitement antérieur par méthotrexate ou anti-TNF (inhibiteur du facteur de nécrose tumorale). Cent vingt six (126) cas de LEMP ont été rapportés dans le monde chez des patients traités par rituximab dans des indications oncologiques.

MabThera® est un anticorps monoclonal indiqué en oncologie dans la leucémie lymphoïde chronique et certains types de lymphomes non Hodgkiniens. MabThera® est également indiqué en association au méthotrexate, pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) active, sévère, chez les patients adultes qui ont présenté une réponse inadéquate ou une intolérance aux traitements de fond, dont au moins un anti-TNF (inhibiteur du facteur de nécrose tumorale). MabThera® n’est pas indiqué dans d’autres maladies auto-immunes.

Un troisième cas de LEMP a été rapporté chez une patiente atteinte de PR, traitée par MabThera®. Contrairement aux cas précédents, ce dernier cas de LEMP a été notifié chez une patiente qui n'avait pas reçu de traitement antérieur par méthotrexate ou par anti-TNF.

L’Afssaps rappelle que MabThera® n’est pas indiqué en première ligne dans le traitement de la PR.

Informations complémentaires

La leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) est une maladie rare, progressive, et démyélinisante du système nerveux central, conduisant généralement au décès ou à une invalidité importante. La LEMP est provoquée par la réactivation du virus JC. Le virus JC est présent sous forme latente chez près de 40 à 80 % des adultes sains. Les facteurs conduisant à l’activation du virus latent ne sont pas complètement définis.

Ce troisième cas concerne une femme de 73 ans, chez qui le diagnostic de PR a été porté 3 ans avant le début du traitement par MabThera®. Cette patiente a été traitée pour la PR par des traitements comprenant le leflunomide, l’hydroxychloroquine et la prednisone. En février 2009, elle a reçu un cycle de MabThera® (1000 mg administrés à 2 semaines d’intervalle) et a développé des troubles neurologiques 4 à 6 mois après le traitement par MabThera®. Le diagnostic de LEMP a été posé d’après les symptômes cliniques, les résultats de l’IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) et la détection d’ADN du virus JC dans le liquide céphalo-rachidien.

Cas de LEMP sous MabThera® dans des indications autres que la PR : Selon les dernières données disponibles, 126 cas de LEMP suspectée ou confirmée ont été rapportés dans le monde, chez des patients traités par MabThera® dans des indications d’oncologie. Parmi ces cas, sept étaient rapportés en France et vingt six étaient peu documentés. MabThera® était prescrit dans les indications suivantes : lymphome (87), leucémie chronique (28), syndromes lymphoprolifératifs (3) ou maladie de Waldenström (8). Ces patients avaient, en plus de la pathologie sous jacente, le plus souvent des facteurs de risque, tels qu’une prise antérieure de cytotoxiques, d’immunosuppresseurs ou une greffe de moelle.

Par ailleurs, 4 cas de LEMP ont été rapportés chez des patients traités pour une pathologie auto-immune autre que la PR : lupus érythémateux disséminé (2), vascularite (1) et dermatomyosite (1). Quatre cas supplémentaires ont été rapportés dans une indication hématologique (anémie hémolytique auto-immune, purpura thrombopénique idiopathique).

Environ 1 910 000 patients ont été exposés à MabThera® depuis sa commercialisation.

Le mécanisme d’action potentiel de MabThera® dans le développement de la LEMP n’est pas défini.

Compte tenu de ces données, l’Afssaps recommande aux professionnels de santé :
  • De prescrire MabThera® conformément aux recommandations du Résumé des Caractéristiques du Produit ;
  • D’être particulièrement attentifs à l’apparition des premiers symptômes neurologiques évocateurs d’une LEMP. Ceux-ci incluent des modifications du comportement, une atteinte cognitive généralement associée à une maladresse, des troubles moteurs, une faiblesse musculaire à type d’hémiparésie, des troubles de la vision. Les signes additionnels sont des déficits sensoriels, des vertiges et des crises convulsives.
  • de suspendre le traitement par MabThera®, en cas d’apparition de symptômes évocateurs d’une LEMP. Une consultation avec un neurologue doit être envisagée. Des examens complémentaires comprenant une IRM, une ponction lombaire afin de doser l’ADN du virus JC dans le liquide céphalo-rachidien et des examens neurologiques répétés, devront être envisagés (voir rubrique 4.4 du RCP). Le traitement ne sera repris qu’après avoir exclu le diagnostic de LEMP.

L’Afssaps rappelle que les médecins doivent remettre au patient traité pour une PR un exemplaire de la carte de surveillance qui lui est destinée, avant l’administration de MabThera®.