L’évaluation européenne[1] du mycophénolate[2] qui vient de s’achever conduira à ajouter de nouvelles contre-indications et à renforcer les mesures de prévention de la grossesse, en raison des risques d’avortements spontanés et de malformations liés à son utilisation. Les patients et les professionnels de santé concernés recevront une information spécifique sur ces risques. Les prescripteurs devront par ailleurs se conformer strictement aux indications de l’AMM.
Le mycophénolate est indiqué en association à la ciclosporine et aux corticostéroïdes pour la prévention des rejets aigus d'organes chez des patients ayant bénéficié d’une allogreffe rénale (MYFORTIC®), et également en cas d’allogreffe cardiaque ou hépatique (CELLCEPT® et génériques). Ces spécialités sont soumises à une prescription initiale hospitalière semestrielle.
Les données disponibles montrent le caractère hautement tératogène du mycophénolate : le risque d’avortements spontanés est de 45 à 49 % chez les femmes enceintes exposées et des malformations congénitales sont rapportées chez 23 à 27 % des naissances vivantes lorsque les femmes sont exposées pendant la grossesse. Ces proportions sont beaucoup plus importantes avec le mycophénolate qu’avec d’autres immunosuppresseurs (pour lesquels des avortements spontanés ont été rapportés chez 12 à 33% des patientes et des malformations chez 4 à 5 % des naissances vivantes, chez les patientes ayant bénéficié d’une transplantation d'organe solide et traitées par des immunosuppresseurs autres que le mycophénolate mofétil).
En conséquence, de nouvelles contre-indications pour le mycophénolate seront ajoutées à l’AMM. Ces médicaments ne doivent pas être utilisés :
- pendant la grossesse sauf s’il n’y a pas d’alternative thérapeutique pour prévenir un rejet de greffe
- chez la femme en âge de procréer qui n’utilise pas de méthode contraceptive hautement efficace
- chez la femme en âge de procréer qui n’a pas de test de grossesse négatif à l’initiation du traitement
Informations pour les patients
Les femmes en âge de procréer recevront une information spécifique avant la mise en place d’un traitement par mycophénolate qui leur rappellera notamment :
- le risque malformatif (tératogène) du mycophénolate et la nécessité d’éviter une grossesse en cours de traitement et 6 semaines après la fin du traitement ;
- la nécessité d’avoir obtenu le résultat négatif d’un test de grossesse avant de débuter un traitement par mycophénolate ;
- la nécessité d’utiliser une méthode de contraception efficace avant le début du traitement, pendant toute la durée de celui‑ci et jusqu’à 6 semaines après l’arrêt du mycophénolate ;
-
en cas de suspicion d’une grossesse au cours du traitement par mycophénolate :
- la nécessité de consulter immédiatement leur médecin
- la nécessité de ne pas arrêter leur traitement sans avoir consulté au préalable leur médecin.
Etant donné le potentiel génotoxique du mycophénolate et le risque de passage dans le liquide séminal, il est recommandé aux hommes sexuellement actifs (dont ceux ayant eu une vasectomie) d’utiliser des préservatifs pendant le traitement et durant au moins 90 jours après l’arrêt du traitement. De plus, il est recommandé aux partenaires féminines de ces patients, d’utiliser une contraception hautement efficace pendant le traitement et durant les 90 jours qui suivent la dernière prise de mycophénolate par le partenaire masculin.
Les patients ne doivent pas faire de don du sang pendant le traitement et sur une période d’au moins 6 semaines après l’arrêt du mycophénolate. Les hommes ne doivent pas faire de don de sperme pendant le traitement ainsi que sur une période d’au moins 90 jours après l’arrêt du mycophénolate.
Informations pour les médecins prescripteurs
Les nouvelles contre-indications et mesures additionnelles pour prévenir une grossesse sont détaillées dans une Lettre aux professionnels de santé. L’ANSM rappelle la nécessité d’exclure toute utilisation du mycophénolate dans des indications non validées par l’AMM, en raison du risque majeur de tératogénicité.
L’ANSM rappelle que les professionnels de santé doivent déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament dont ils ont connaissance au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent géographiquement. Les patients et les associations agréées de patients peuvent également signaler tout effet indésirable à leur centre régional de pharmacovigilance. Pour plus d’information, consulter la rubrique "Déclarer un effet indésirable " |
Lire aussi
- Mycophénolate mofétil (Cellcept), ses génériques et Mycophénolate sodique (Myfortic) -nouvelles contre-indications et mesures de prévention de la grossesse en raison du risque de tératogénicité - Lettre aux professionnels de santé (25/11/2015) (457 ko)
- Mycophénolate (Cellcept® et génériques et Myfortic®) : risque d’avortements spontanés et de malformations en cas d’exposition pendant la grossesse (25/06/2015) -Point d'Information
[1] PRAC et CHMP octobre 2015
[2] Sont désignés par le terme mycophénolate : le mycophénolate mofétil (Cellcept® et génériques) et le mycophénolate sodique (Myfortic®).