Tysabri (natalizumab) et leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) : nouvelles recommandations de l’Agence européenne des médicaments (EMA) - Point d'information

22/01/2010
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L’EMA a achevé l’évaluation du risque de LEMP associé à l’administration de Tysabri®. Ce médicament est indiqué dans le traitement des formes très actives de sclérose en plaques (SEP) [1] . L’EMA a conclu que le rapport bénéfice-risque de ce médicament reste favorable compte-tenu de son efficacité démontrée et du nombre limité d’alternatives thérapeutiques. L’EMA diffuse de nouvelles recommandations concernant la surveillance du traitement et la prise en charge de la LEMP.

La LEMP (ou leucoencéphalopathie multifocale progressive) est une pathologie infectieuse cérébrale grave liée à la réactivation du virus JC. Les premiers symptômes peuvent être difficiles à différencier d’une poussée de SEP. Son pronostic dépend de la précocité du diagnostic.

A la date du 20 janvier 2010, un total de 31 cas de LEMP a été rapporté dans le monde (20 dans l’Union Européenne, 10 aux Etats-Unis, 1 en Suisse) chez des patients traités par Tysabri. Huit de ces patients sont décédés.
Parmi ces 31 cas, 23 concernent des patients ayant reçu Tysabri pendant plus de deux ans (soit un taux de notification de 1 cas pour 1000 patients traités pendant au moins deux ans). Les données montrent que le risque pour un patient de développer une LEMP augmente avec la durée de traitement, particulièrement après deux ans .

L’EMA recommande aux prescripteurs :

  •  D’informer les patients du risque de survenue de LEMP au moment de l’instauration et après deux ans de traitement.
  •  De reconsidérer soigneusement le rapport bénéfice-risque du traitement après deux ans, en en discutant avec le patient ;
  • De faire pratiquer un examen par imagerie par résonance magnétique (IRM) dans les 3 mois précédant l’instauration du traitement par Tysabri et annuellement après le début du traitement ;
  • De faire preuve d’une vigilance clinique continue tout au long du traitement ;
  • De suspendre le traitement par Tysabri dès qu’une LEMP est suspectée et tant que le diagnostic n’est pas définitivement exclu. Cet arrêt doit être suivi d’une évaluation adaptée comprenant une IRM et une ponction lombaire.

Informations complémentaires

TYSABRI® doit être prescrit en respectant strictement le RCP et selon le « guide de prescription pour la prise en charge des patients présentant une sclérose en plaques et traités par TYSABRI® ».

Pendant le traitement, les patients doivent être surveillés à intervalles réguliers, afin de détecter l’apparition ou l’aggravation de symptômes neurologiques pouvant évoquer une LEMP (troubles cognitifs, troubles visuels, hémiparésie, confusion mentale, troubles du comportement). Le clinicien devra déterminer si les symptômes indiquent un trouble neurologique, et si tel est le cas, il devra établir si ces symptômes sont typiques d’une SEP ou évocateurs d’une LEMP.

En cas de suspicion de LEMP, ou en cas de doute, le traitement par TYSABRI doit être suspendu et un bilan complémentaire doit être entrepris, incluant notamment une IRM (de préférence avec agent de contraste), une ponction lombaire afin de rechercher l’ADN du virus JC dans le LCR, ainsi que des examens cliniques neurologiques répétés.

Concernant la prise en charge thérapeutique d’une LEMP confirmée, certains patients ont bénéficié de plasmaphérèses. L’efficacité clinique de cette pratique n’est toutefois pas démontrée.

La plasmaphérèse peut accélérer la survenue, dans les jours ou semaines qui suivent, d’un phénomène de reconstitution immunitaire (IRIS) conduisant à une aggravation de l’état clinique du patient.

Il doit être conseillé aux patients d’informer leur entourage du risque de survenue de LEMP lié à leur traitement, car celui-ci pourrait remarquer des symptômes dont le patient n’est pas conscient.

 Des informations complémentaires sur la prise en charge des patients traités par Tysabri® seront prochainement disponibles dans le document intitulé : « guide de prescription pour la prise en charge des patients présentant une sclérose en plaques et traités par Tysabri® », et dans la mise au point de l’Afssaps « Utilisation de la spécialité Tysabri® dans le traitement de la sclérose en plaques », en cours d’actualisation.

Situation en France

Depuis la mise sur le marché en mai 2007, environ 4500 année-patients ont été traités par Tysabri®. L’Afssaps a mis en place une pharmacovigilance renforcée comprenant un suivi national de pharmacovigilance, et une étude épidémiologique nationale : l’étude Tysedmus (étude de cohorte de suivi des patients traités par natalizumab en France à partir des données des bases utilisant le logiciel EDMUS). Les objectifs de cette étude sont d’évaluer la sécurité d’emploi à moyen et long terme et l’efficacité de Tysabri®, ainsi que les conditions d’utilisation du produit en situation réelle de prescription.

Le premier rapport intermédiaire portant sur 2 années se surveillance confirme l’efficacité de Tysabri® dans la pratique clinique. Au 20 janvier 2010, 4 cas de LEMP ont été rapportés. Le suivi de l’’évolution clinique de ces patients est en cours.

 Nous vous rappelons que tout effet indésirable grave ou inattendu doit être signalé au Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV) dont vous dépendez.

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Etude épidémiologique

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 [1]  TYSABRI est indiqué en monothérapie comme traitement de fond des formes très actives de sclérose en plaques (SEP) rémittente-récurrente pour les groupes de patients suivants :

  • Patients présentant une forme très active de la maladie malgré un traitement par interféron bêta
    ou
  •  Patients présentant une sclérose en plaques rémittente-récurrente sévère d’évolution rapide