Anorexigènes et risque d'hypertension artérielle pulmonaire

10/03/2006
Une étude menée par une équipe française sur l’hypertension artérielle pulmonaire fera prochainement l’objet d’une communication dans l’American Review of Pneumology.

Cette étude avait pour objectifs de déterminer la fréquence d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) dans la population générale et de décrire les caractéristiques cliniques de cette maladie. Elle porte sur 674 patients atteints d’HTAP et a été menée d’octobre 2002 à octobre 2003 dans 17 centres hospitalo-universitaires français.

L’étude montre que, en France, 15 patients par million d’habitants souffrent d’HTAP. Pour 60 % de la population étudiée, une cause possible de la maladie a été identifiée. Dans 9,5 % des cas (64 patients), la prise d’anorexigène sur une période de moins de 3 mois à plusieurs années a été retrouvée dans l’historique du patient. Pour ces 64 patients, le délai entre la dernière prise d’anorexigène et la survenue des premiers symptômes d’HTAP allait de 2 ans à plus de 5 ans.

Cette étude est donc un élément supplémentaire pour indiquer que l’HTAP peut se déclarer plus de 5 ans après l’utilisation d’un anorexigène.

Il est rappelé que les anorexigènes ont été retirés du marché par l’Agence du médicament en septembre 1997 en raison d’un risque pulmonaire et cardiaque avéré, en particulier pour des durées d’utilisation supérieures à 3 mois. Le risque d’HTAP avait été évoqué par une enquête française de pharmacovigilance et confirmé par l’étude IPPHS (International Primary Pulmonary Hypertension Study, New England Journal of Medecine). L’étude IPPHS a montré que le risque de développer une HTAP était de 10 à 20 fois plus élevé chez les personnes ayant pris des anorexigènes que dans la population générale.

Il faut rappeler que l’HTAP est une maladie rare et grave (moins de 2 nouveaux cas par an et par million d’habitants). Elle est habituellement identifiée à un stade avancé car les symptômes initiaux de la maladie sont communs à des pathologies très diverses.

Dans ce contexte, l’Afssaps recommande aux patients ayant été traités par anorexigène* et qui présenteraient des signes pouvant évoquer une HTAP (essoufflement, malaise à l’effort, douleur dans la poitrine), de consulter leur médecin traitant.

L’Afssaps et la Direction générale de la santé adresseront, dans les prochains jours, un courrier à l’ensemble des médecins pour leur apporter une information plus détaillée sur les modalités de prise en charge des patients pour lesquels le diagnostic d’HTAP doit être évoqué.

  • dexfenfluramine : ISOMERIDE, DEXFENFLURAMINE SERVIER, GLYPOLIX,
  • fenfluramine : PONDERAL, PONDERAL LONGUE ACTION, FENFLURAMINE SERVIER, FENFLURAMINE SERVIER A ACTION PROLONGEE,
  • clobenzorex : DININTEL,
  • fenproporex : FENPROPOREX,
  • méfénorex : INCITAL,
  • amfepramone : MODERATAN, TENUATE D’OSPAN, PREFAMONE CHRONULES, ANOREX, DERFON

Ainsi que toute préparation magistrale (« amaigrissante ») contenant un ou plusieurs de ces principes actifs.

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