Esmya (ulipristal), Xofigo (radium 223), mycophénolates : retour d’information sur le PRAC de décembre 2017 - Point d'information

28/12/2017
Lors de sa réunion mensuelle, qui s’est tenue du 27 au 30 novembre 2017 à Londres, le Comité pour l’Evaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a débuté une revue de l’utilisation d’Esmya (ulipristal 5 mg), déclenché un arbitrage concernant Xofigo, décidé d’informer les professionnels de santé pour rappeler les risques associés aux spécialités à base de mycophénolate.

Revue de l’utilisation d’Esmya (ulipristal) 

Le PRAC a débuté une revue de la spécialité ESMYA®  (ulipristal 5 mg) indiqué dans le traitement des fibromes utérins, suite à 4 cas d’atteintes hépatiques sévères, dont 3 ayant abouti à une transplantation hépatique (2 cas rapportés en France) chez des patientes traitées par ulipristal 5 mg. Après une première évaluation, le PRAC a considéré que ces cas pouvaient être liés au traitement par ESMYA et a demandé à la commission européenne de lancer un arbitrage dans le cadre de l’article 20 du règlement européen 726/2004 pour évaluer l’impact de ces cas graves sur le rapport bénéfice-risque de cette spécialité.

Il est à noter qu’il existe une autre spécialité à base d’ulipristal dosé à 30 mg, EllaOne, administrée en dose unique, indiquée dans la contraception d’urgence. Actuellement, aucun cas d’atteinte hépatique sévère n’a été rapporté avec cette spécialité.

La prochaine discussion aura lieu au PRAC, lors de la réunion prévue en mars 2018.

Revue de l’utilisation de Xofigo (radium 223)

Xofigo®  est indiqué dans le traitement du cancer de la prostate résistant à la castration, avec métastases osseuses symptomatiques et sans métastase viscérale connue. 

Des discussions ont été initiées au PRAC du mois de décembre 2017 suite à la notification d’un fait nouveau survenu en novembre 2017 au cours d’un essai clinique  de phase 3 (Xofigo vs. placebo).

Le Xofigo®  et le placebo étaient administrés en association avec Zytiga®  (acétate d'abiratérone) et des corticoïdes (prednisone / prednisolone).

Un risque accru de décès et de fractures a été observé dans le bras Xofigo® .

En France, plus aucun nouveau patient n’est recruté dans l'essai clinique concerné et tous les patients encore inclus ne reçoivent plus le traitement par Xofigo (mais seulement abiratérone et les corticoïdes).

Suite à ces données, le PRAC a décidé au cours de sa séance de décembre 2017 de procéder au déclenchement d’un arbitrage article 20 du règlement européen 726/2004 afin de réévaluer les données disponibles et d’analyser l’impact des résultats de cette analyse sur le statut de l’autorisation de mise sur le marché de ce produit.

Une lettre d’information a été adressée aux professionnels de santé les informant de ces observations et de la nécessité de ne pas utiliser le Xofigo®  en association avec Zytiga®  (abiratérone) et une corticothérapie.

Mycophénolate mofétil (Cellcept et génériques) et Mycophénolate sodique (Myofortic)

Les spécialités à base de mycophénolate mofétil (Cellcept®  et génériques) et de Mycophénolate sodique (Myofortic® ) sont indiquées en association à la ciclosporine et aux corticoïdes, pour la prévention des rejets aigus d’organe chez les patients ayant bénéficié d’une allogreffe rénale, cardiaque ou hépatique.

Le mycophénolate est un tératogène majeur chez l’Homme. Il augmente le risque d’avortements et de malformations congénitales en cas d’exposition au cours de la grossesse

Les données cliniques disponibles n’indiquent pas de risque accru de malformations ou d'avortements spontanés dans les grossesses issues d’un père traité par les spécialités à base de Mycophénolate.

Cependant, un risque ne peut être totalement exclu.

Lors de sa session de décembre 2017 le PRAC a décidé de la nécessité de transmettre une information auprès des professionnels de santé afin de rappeler que :

  • Pour les patients de sexe masculin traités par mycophénolate, il est recommandé que ces patients ou leur partenaire utilisent une contraception efficace pendant le traitement et pendant au moins 90 jours après l'arrêt du traitement.
  • Le risque pour les femmes est inchangé. Les médicaments à base de mycophénolate restent contre-indiqués chez les femmes en âge de procréer qui n'utilisent pas de contraception efficace. Ces médicaments sont également contre-indiqués chez les femmes enceintes, à moins qu'il n'existe aucune alternative appropriée pour prévenir le rejet de la greffe.
  • Pour les patientes en âge de procréer, au moins une forme de contraception efficace doit être utilisée avant, pendant et dans les 6 semaines suivant l'arrêt du traitement. L’utilisation de deux formes de contraception est préférable mais non obligatoire.
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