ZYPREXA®, ZYPREXA VELOTAB® sont des médicaments antipsychotiques atypiques ayant fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne, respectivement en septembre 1996 et février 2000.
Des essais cliniques menés chez des patients âgés de plus de 65 ans, atteints de démence et souffrant de troubles psychotiques et/ou de troubles du comportement, ont montré dans le groupe de patients traités par olanzapine comparativement au groupe de patients ayant reçu le placebo :
- une incidence trois fois plus élevée des accidents vasculaires cérébraux (AVC),
- une incidence environ deux fois plus élevée des décès.
L’incidence plus élevée des décès n’était pas corrélée à la dose d’olanzapine ni à la durée de traitement. Cependant, des facteurs de risque ont été identifiés tels qu’un âge supérieur à 65 ans, une sédation, une dysphagie, une malnutrition, une déshydratation, une pathologie pulmonaire (pneumonie avec ou sans inhalation), une utilisation concomitante de benzodiazépines.
Les éléments suivants ont également été mis en évidence :
- Il a été observé qu’une démence vasculaire pré-existante était significativement associée à une incidence plus élevée d’accidents vasculaires cérébraux ;
- L’efficacité de l’olanzapine chez cette population n’a pas été démontrée au cours de ces essais cliniques.
En conséquence, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) attire l’attention des professionnels de santé sur les points suivants :
- L’utilisation d’olanzapine n’est pas indiquée et est déconseillée chez les patients âgés atteints de démence et souffrant de troubles psychotiques et/ou de troubles du comportement ;
- Le bénéfice-risque du traitement par olanzapine des patients recevant ce médicament pour des troubles psychotiques et/ou des troubles du comportement liés à une démence doit être soigneusement réévalué.
Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de l’olanzapine et la notice destinée aux patients ont été modifiés à l’échelle européenne (Cf annexe 1 ).
Une lettre d’information a été adressée par les laboratoires pharmaceutiques Lilly aux médecins concernés : neurologues libéraux et hospitaliers, psychiatres libéraux et hospitaliers, gériatres et médecins généralistes exerçant en gériatrie (ville et hôpital), médecins généralistes auxquels le laboratoire Lilly a présenté l’olanzapine, ainsi qu’à l’ensemble des pharmaciens hospitaliers. Un courrier a également été adressé à l'attention des directions médicales des établissements de moyen et longs séjour médicalisés accueillant des personnes âgées.
Un communiqué est disponible sur le site Internet de l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA) : www.emea.eu.int .
RISPERIDONE (RISPERDAL®) ET ACCIDENTS VASCULAIRES CEREBRAUX
RISPERDAL® (risperidone) est un antipsychotique atypique qui bénéficie d’une AMM nationale depuis mai 1995. En France, RISPERDAL®est commercialisé par les laboratoires Janssen-Cilag.
Ce médicament est indiqué dans le traitement des psychoses, en particulier des psychoses schizophréniques, aiguës et chroniques.
Des essais cliniques, également conduits chez des patients âgés souffrant de démence, ont montré une augmentation du risque de survenue d’AVC, similaire à celle observée avec l’olanzapine, dans les groupes de patients traités par risperidone comparativement aux groupes ayant reçu le placebo.
Les données de ces essais, concernant notamment l’efficacité de la risperidone dans cette population, sont actuellement en cours d’analyse à l’Afssaps.
Dans l’attente des résultats de cette évaluation, l’Afssaps rappelle aux professionnels de santé que RISPERDAL® n’est pas indiqué dans le traitement des troubles du comportement des patients âgés souffrant de démence.
LES AUTRES NEUROLEPTIQUES?
Des neuroleptiques sont régulièrement prescrits chez des patients atteints de démence et souffrant de troubles psychotiques et/ou de troubles du comportement.
L’Afssaps attire l’attention des professionnels de santé sur le fait que des risques similaires à ceux identifiés avec l’olanzapine et la rispéridone ne peuvent pas être exclus avec les autres neuroleptiques atypiques et neuroleptiques classiques.
RAPPEL SUR LA PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE DES PATIENTS AGES ATTEINTS DE DEMENCE
Le traitement de ces patients s’inscrit dans le cadre d’une prise en charge globale, sur le plan physique, psychique et social. La stratégie thérapeutique des patients atteints de démence de type Alzheimer repose sur l’utilisation des anti-cholinestérasiques (Aricept ®, Exelon ®, Reminyl ®) pour les formes légères à modérées et de la mémantine (Ebixa ® ) pour les formes modérément sévères à sévères.
En pratique clinique :
Lorsque des troubles du comportement persistent ou surviennent malgré ces traitements, des médicaments agissant sur l’humeur (stabilisateurs de l’humeur ou antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) peuvent être utilisés.
Dans les cas extrêmes, lorsque ces troubles du comportement s’accompagnent de symptômes psychotiques (délires, hallucinations) ou dans les états d’agitation aiguë, les neuroleptiques à faibles doses et à très court terme (10 à 15 jours maximum) pourraient s’avérer nécessaires.
1- Ce médicament est indiqué, par voie orale, dans le traitement de la schizophrénie et des épisodes maniaques modérés à sévères et la prévention des récidives chez les patients présentant un trouble bipolaire, ayant déjà répondu au traitement par l’olanzapine lors d’un épisode maniaque, et par voie injectable, pour contrôler rapidement l’agitation et les troubles du comportement chez les patients schizophrènes ou chez les patients présentant des épisodes maniaques lorsque la voie orale n’est pas adaptée.
Contact : Aude Chaboissier Tél. 01 55 87 30 33 - aude.chaboissier@afssaps.sante.fr
Annexe 1 - MODIFICATIONS DE L’INFORMATION DE L’OLANZAPINE AU NIVEAU EUROPEEN
Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP)
4.4 Rubrique " Mises en garde et Précautions d’emploi "
L’olanzapine n’est pas indiquée dans le traitement de la démence avec troubles psychotiques et/ou troubles du comportement et son utilisation chez ce groupe spécifique de patients est déconseillée du fait d’une augmentation du risque de mortalité et d’accidents cérébrovasculaires. Au cours d’essais cliniques contrôlés versus placebo (durée de 6 à 12 semaines), réalisés chez des patients âgés (âge moyen 78 ans) souffrant de démence avec troubles psychotiques et/ou de troubles du comportement, l’incidence des décès dans le groupe olanzapine a été deux fois plus importante que celle observée dans le groupe placebo (3.5 versus 1.5% respectivement). L’incidence plus élevée de décès n’a pas été corrélée à la dose d’olanzapine (dose moyenne quotidienne de 4.4mg) ou à la durée de traitement. Dans cette population de patients, un âge >65 ans, une dysphagie, une sédation, une malnutrition et une déshydratation, une pathologie pulmonaire (telle qu’une pneumopathie avec ou sans inhalation) ou une utilisation concomitante de benzodiazépines peuvent être des facteurs prédisposant à une augmentation du risque de mortalité. Néanmoins, l’incidence de mortalité a été supérieure dans le groupe olanzapine (versus placebo), indépendamment de ces facteurs de risque.
Des événements indésirables cérébro-vasculaires (tels que accidents vasculaires cérébraux, accidents ischémiques transitoires), dont certains d’issue fatale, ont été rapportés dans ces mêmes essais cliniques. Trois fois plus d’événements indésirables cérébro-vasculaires ont été rapportés dans le groupe des patients traités par olanzapine compararativement au groupe de patients traités par placebo (1.3% versus 0.4% respectivement). Tous les patients traités par olanzapine ou par placebo ayant présenté un événement vasculaire cérébral, avaient des facteurs de risque préexistants. Un âge supérieur à 75 ans et une démence de type vasculaire ou mixte ont été identifiés comme des facteurs de risque d’événements indésirables cérébro-vasculaires dans le groupe olanzapine.
L’efficacité de l’olanzapine n’a pas été démontrée dans ces essais.
4.8 Rubrique "Effets indésirables"
Au cours d’essais cliniques chez des patients âgés souffrant de démence, le traitement par olanzapine a été associé à une incidence supérieure de décès et d’événements indésirables cérébrovasculaires par rapport au placebo (Cf. 4.4 également). Une démarche anormale et des chutes ont été des événements indésirables très fréquemment rapportés avec olanzapine (> 10%). Des pneumopathies et des incontinences urinaires ont été fréquemment observées (1-10%).
Notice destinée aux patients
2. Quelles sont les informations à connaître avant de prendre en Zyprexa Velotab® ?
L’utilisation de Zyprexa (ou Zyprexa Velotab) chez les patients âgés souffrant de démence, est déconseillée car elle peut entraîner des effets indésirables graves.
Si vous souffrez de démence et si vous avez déjà eu un accident vasculaire cérébral (" attaque "), vous ou votre entourage soignant devez en informer votre médecin.
4.Quels sont les effets indésirables éventuels ?
Lors de la prise d’olanzapine, les patients âgés souffrant de démence peuvent présenter un accident vasculaire cérébral (" attaque "), une pneumopathie, une incontinence urinaire, des chutes et des troubles de la marche. Dans ce groupe spécifique de patients, des décès ont été rapportés.