EPREX® : érythroblastopénie, insuffisance rénale chronique, nouvelles recommandations

19/07/2002

Cette lettre a été diffusée aux prescripteurs par les laboratoires Janssen-Cilag.
L' information a été élaborée en accord avec l'Afssaps.

Objet : Mise à jour de pharmacovigolance EPREX® : érythroblastopénie, insuffisance rénale chronique, nouvelles recommandations

Cher Confrère,

La littérature scientifique (Porter S. Human immune response to recombinant human proteins. J Pharma Sci 2001 ; 90 :1) suggère que toutes les protéines exogènes ont un potentiel immunogène, particulièrement lorsqu'elles sont administrées par voie sous-cutanée (SC). Des cas d'érythroblastopénie, ont été rapportés avec les érythropoïétines commercialisées en Europe ; la plupart de ces cas sont relatifs à EPREX®, administré principalement par voie sous-cutanée et seulement chez des patients insuffisants rénaux chroniques (IRC). De ce fait, alors que notre laboratoire poursuit ses investigations sur les facteurs pouvant contribuer à la formation d'anticorps et à la survenue d'érythroblastopénie chez ces patients, l'administration du produit chez les patients IRC (pré-dialyse, hémodialyse et dialyse péritonéale) doit être réalisée, dès lors qu'elle est possible, par voie INTRA - VEINEUSE . Pour les patients chez qui ce mode d'administration n'est pas réalisable, il convient d'évaluer individuellement le rapport bénéfice / risque de l'administration d'EPREX® par voie SC.

ORTHO - BIOTECH a connaissance de 141 cas notifiés d'érythroblastopénie, dont 114 ont été confirmés par un myélogramme, chez des patients insuffisants rénaux chroniques (IRC) traités par EPREX®. Des anticorps anti - érythropoïétine ont été retrouvés chez 66 patients (sur 80 pour lesquels des résultats sont disponibles) traités par EPREXâ et chez qui le diagnostic d'érythroblastopénie a été porté. Tous ces cas ont été rapportés chez des patients insuffisants rénaux chroniques (en pré-dialyse, dialyse péritonéale et hémodialyse) cf. tableau ci - dessous.

Cas d'érythroblastopénie notifiés dans le monde à la date du 31 mai 2002.

 

Année inconnue

1988 à 1998

1999

2000

2001

2002 jusqu'au 31/05

Nombre de cas d'érythroblastopénie par année de survenue 33* 3 12 17 60 16
Patients IRC exposés à EPREX® (100 000 patients-années)   8,93 2,09 2,26 2,48 1,14

* Parmi ces 33 cas dont la date de survenue est inconnue, 3 ont été rapportés en 2000, 9 en 2001 et 21 en 2002


La médiane du délai de survenue de l'érythroblastopénie est de 10 mois (1 à 92 mois) après le début du traitement par EPREXâ. A ce jour, un décès a été imputé au traitement immunosuppresseur de l'érythroblastopénie. Notre laboratoire a entrepris de nombreuses investigations techniques et cliniques sur les facteurs déclenchant possibles de l'érythroblastopénie.

Selon les résultats obtenus à ce jour, un facteur déclenchant unique n'est pas identifié et plusieurs facteurs, actuellement en cours d'étude, peuvent contribuer au développement de l'immunogénicité d'EPREX®.

La plupart des cas d'érythroblastopénie rapportés sont associés à la voie d'administration sous - cutanée (SC). Depuis le milieu des années 1990 et dans la plupart des pays, l'administration d'EPREX®, chez les patients insuffisants rénaux chroniques, est passée, d'une voie d'administration initialement surtout intra - veineuse (IV) à une voie d'administration aujourd'hui principalement SC. Selon des données encore limitées, on peut estimer l'incidence des cas suspectés d'érythroblastopénie durant la période 1998 à 2002 à 0,67 cas / 100 000 patients-années pour la voie IV et à 20,06 cas / 100 000 patients-années pour la voie SC.

Chez les patients présentant une inefficacité soudaine d'EPREX®, les causes habituelles d'absence de réponse doivent être recherchées (ex : déficience en fer, en folate ou en vitamine B12, intoxication à l'aluminium, infection ou inflammation, perte sanguine et hémolyse). Si aucune cause n'est retrouvée, un myélogramme doit être envisagé. Si une érythroblastopénie est diagnostiquée, le traitement par EPREX® doit être immédiatement arrêté et une recherche d'anticorps anti-érythropoïétine doit être envisagée. Les patients ne doivent pas être traités par une autre érythropoïétine, compte tenu d'une réaction croisée entre les anticorps anti-érythropoïétine et les autres érythropoïétines. Les autres causes d'érythroblastopénie doivent être éliminées et un traitement approprié institué.

Nous attirons également votre attention sur les conditions de conservation correctes d'EPREX® telles quelles sont précisées dans le paragraphe "conditions particulières de conservation" des mentions légales du produit. EPREX® doit être conservé dans son emballage d'origine, entre 2° et 8° C, et ne doit pas être congelé. Nous vous conseillons de revoir avec vos patients ces conditions de conservation telles qu'elles sont décrites dans la notice patient. Le résumé des caractéristiques du produit modifié (section 4.2, 4.3, 4.4 et 4.8) est joint en annexe.

Les cas d'érythroblastopénie, comme tout autre effet indésirable grave, doivent être notifiés au Centre Régional de Pharmacovigilance de votre région et/ou au Département de Pharmacovigilance des Laboratoires Janssen-Cilag.

Notre département Information Médicale se tient à votre disposition au 0 800 140 000 pour tout renseignement complémentaire que vous pourriez souhaiter.

Nous vous prions d'agréer, Cher Confrère, l'expression de nos meilleurs sentiments.

Thierry MOREAU DEFARGES
Pharmacien Responsable

Docteur Selma BOUSSEN
Directeur Médical