Préparations hospitalières, magistrales et officinales

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Les préparations hospitalières

les préparations hospitalières sont élaborées en conformité avec des référentiels scientifiques et de bonnes pratiques

L'essentiel sur les préparations hospitalières

Les préparations hospitalières  (PH) sont des médicaments.  Elles sont :

Réalisées 

  • à l’avance, en petite séries
  • en l’absence de spécialité pharmaceutique disponible et adaptée mise à disposition dans le cadre d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), ou d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) ou d’une autorisation d’importation.

Dispensées

  • sur prescription médicale
  • à un ou plusieurs patients d’un établissement de santé.

Elaborées en conformité avec des référentiels scientifiques et de bonnes pratiques 

  • par une pharmacie à usage intérieur (PUI)
  • par un établissement pharmaceutique géré par un établissement public de santé (EP/ES)
  • par un établissement pharmaceutique (EP) autorisé à fabriquer des médicaments dans le cadre de la sous-traitance.

Quelles matières premières pour réaliser des préparations hospitalières ?

Matières premières à usage pharmaceutique (MPUP) en vrac

Matières premières à usage pharmaceutique (MPUP) en vrac

Les préparations sont réalisées de préférence à partir de MPUP en vrac.
Elles répondent aux spécifications de la Pharmacopée :

Modalités de contrôle des Matières Premières à Usage Pharmaceutique selon leur circuit d’approvisionnement :

Spécialités pharmaceutiques

Il est recommandé de réaliser les préparations injectables à partir des spécialités pharmaceutiques présentées sous forme injectable
En cas d'indisponibilité de MPUP en vrac 

Le pharmacien peut utiliser des spécialités pharmaceutiques, sous réserve d’une étude de faisabilité.

Préparations pour injections 

Il est recommandé de réaliser les préparations injectables à partir des spécialités pharmaceutiques présentées sous forme injectable (solutions, lyophilisats, poudres, …) comme indiqué dans les Bonnes Pratiques de Préparation.

Substances interdites ou faisant l’objet de restrictions 

Certaines substances doivent être utilisées de façon restreinte dans les préparations hospitalières.
Dans le cadre de ses activités de surveillance, d’évaluation et de prévention des risques liés à l’utilisation de préparations, l’ANSM publie des décisions visant à interdire ou restreindre l’utilisation de certaines substances dans les préparations.

Préparations pouvant présenter un risque pour la santé 
  • toutes les formes de préparations stériles
  • toutes les préparations à base d'une ou plusieurs substances  cancérogènes (catégorie 1, 2 ou 3), mutagènes (catégorie 1, 2 ou 3), et toxiques pour la reproduction (catégorie 1, 2 ou 3) 
  • les préparations destinées aux enfants de moins de 12 ans, contenant des substances vénéneuses, à l'exclusion des préparations à appliquer sur la peau contenant des substances inscrites sur la liste I et la liste II.

Mises en garde de l’ANSM sur certaines préparations hospitalières

Acide borique

Acide osmique

Carmustine

3.4 Diaminopyridine

Hydrate de chloral

Mélatonine

Vitamine D

Conformité avec les référentiels

Les préparations hospitalières doivent être réalisées en conformité avec  les référentiels scientifiques et de bonnes pratiques

Les préparations hospitalières doivent être réalisées en conformité avec

  • les référentiels scientifiques : pharmacopée, formulaire national
  • les référentiels de bonnes pratiques : fabrication et préparation, selon le cas.

Pharmacopée et Formulaire national

Les préparations hospitalières sont réalisées suivant les textes généraux et les monographies de la Pharmacopée. La Pharmacopée comprend les textes de la Pharmacopée européenne et ceux de la Pharmacopée française.
Si une préparation est inscrite au Formulaire national de la Pharmacopée, le pharmacien se conforme à la formule décrite.

Les  Pharmacies à usage intérieur (PUI)  doivent réaliser les préparations hospitalières en conformité avec les  Bonnes pratiques de préparation (BPP)

Les établissements pharmaceutiques gérés par des établissements publics de santé (EP/ES)  et les établissements pharmaceutiques (EP) autorisés à fabriquer des médicaments, doivent réaliser les préparations hospitalières en conformité avec les Bonnes pratiques de fabrication (BPF) de médicaments à usage humain.

L'étiquetage des préparations hospitalières

Les préparations hospitalières doivent étiquetées. (décret n°2012-1201)   
Pour assurer au mieux la sécurité et la traçabilité des préparations, l’ANSM publie  des recommandations et propose des modèles d’étiquettes adaptés à chaque type de situations.

 

Format de l'étiquette

 

  • la taille de l’étiquette doit être la plus grande possible par rapport à la dimension du conditionnement.
    L’étiquette des préparations sous forme liquide doit permettre à l’utilisateur de s’assurer de la limpidité de la solution et de l’absence de particules.
  • l’étiquette doit comporter un fond blanc.
 

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Police

  • utiliser une police d’écriture la plus lisible possible,
  • privilégier les caractères minuscules, noirs (sauf les cas particuliers du chlorure de potassium et de l’adrénaline).
  • éviter les mentions en lettres capitales.
 

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Mentions requises

  • mettre en exergue la / les substances active(s), si la dénomination de la préparation ne contient pas la Dénomination Commune Internationale (DCI)
  • laisser un espace suffisant sur l’étiquette pour reporter le numéro d’enregistrement  apposé par la pharmacie au moment de la dispensation. (cf. Bonnes Pratiques de Préparation).

Préparations réalisées dans les conditions de sous-traitance 

  • hormis le cas particulier des petits conditionnements, mentionner  les coordonnées de la pharmacie dispensatrice (éventuellement sur une contre-étiquette) en complément des coordonnées de la pharmacie ou de l’établissement pharmaceutique qui a réalisé la préparation.
  • pour les préparations utilisées pour la réalisation d’autres préparations et qui ne sont pas destinées à être administrées directement au patient : la "pharmacie ayant dispensé la préparation"  doit être entendue comme la pharmacie pour le compte de laquelle la préparation est réalisée, et ce, à des fins de traçabilité.(art. R. 5121-146-2, 2°, e du CSP)
 

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Modèles d'étiquettes

 
Préparations administrées directement au patient

Cas général

Cas particulier  : préparations sous forme d’ampoules ou autres petits conditionnements primaires : 

Préparations utilisées pour la réalisation d'autres préparations qui ne sont pas destinées à être administrées directement au patient 

Cas général  : 

Cas particulier  : préparations sous forme d’ampoules ou autres petits conditionnements primaires : 

Préparations présentées en ampoules ou autres petits conditionnements primaires

Préparations injectables, préparations topiques et  collyres

  • si la taille de l’étiquette le permet, faire figurer tout ou partie des mentions prévues, notamment les excipients.(article R. 5121-146-2 du CSP)
  • le pharmacien doit accompagner la délivrance de la préparation d’informations et de conseils nécessaires au bon usage. (art. R. 4235-48 du CSP).

A savoir

La contenance correspondant à un petit conditionnement est inférieure ou égale à 10 mL, voire à 20 mL, pour les solutions injectables (recommandations de décembre 2006). Ces valeurs peuvent également être retenues dans le cas des préparations.

Préparations injectables

Pour certaines substances actives particulièrement à risque utilisées dans des situations d’urgence, il est recommandé d’utiliser un système de codification couleur (bandeau, inscription) et des caractères d’accroche.

Adrénaline et Atropine

Mettre en majuscules les premières lettres des produits : ADREnaline - ATROPine

Chlorure de potassium et adrénaline

Utiliser système de codification couleur (bandeau, inscription) : inscrire en rouge les mentions de l’étiquetage.

Préparations d’électrolytes sous forme liquide

il est recommandé : 

  • d’ajouter aux mentions requises la concentration en nombre de millimoles par mL d’ions dont l’activité pharmacologique est recherchée (tout en conservant la concentration en unité de masse par volume).
  • d’afficher la concentration des solutions injectables d’électrolytes ou de glucose en pourcentage. Par pourcentage, on entend la quantité d’électrolyte ou de glucose exprimée en grammes contenue dans 100 mL de solution.
Lire aussi

Sous-traitance des préparations hospitalières

La sous-traitance des préparations hospitalières consiste en l’exécution par un tiers (prestataire) de la totalité des opérations de préparation (y compris le conditionnement primaire), pour le compte d’un donneur d’ordre.

La sous-traitance est exécutée dans le cadre d’un contrat rédigé selon les bonnes pratiques entre le donneur d’ordre et le sous-traitant.

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Donneur d'ordre> sous-traitance autorisée

La sous-traitance est exécutée dans le cadre d’un contrat rédigé selon les bonnes pratiques entre le donneur d’ordre et le sous-traitant.

 

Déclaration des préparations hospitalières

 
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Qui doit déclarer ?

Les opérateurs qui réalisent des PH sont tenus d'en déclarer la réalisation à l'ANSM. Celle -ci s'assure que les préparations sont justifiées.

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Que déclarer ?

Les préparations nouvelles ou modifiées

Les préparations nouvelles ou modifiées doivent être déclarées dans un délai d’un mois après leur réalisation :

  • toute nouvelle PH (y compris les PH de placebo et  les PH destinées à réaliser une autre PH)
  • les modifications d’une PH déclarée, portant uniquement sur les modifications
    -  de la substance active,
    -  de l’excipient s’il n’est pas inscrit à la Pharmacopée,
    -  de l’adjuvant de préparation s’il est d’origine biologique
    -  sur la forme pharmaceutique. Dans ce cas, la déclaration ne doit pas renseigner uniquement la modification, mais la PH doit être déclarée in extenso.

Quelles informations déclarer ?

  • la dénomination de la préparation
  • la forme pharmaceutique et le dosage
  • la dénomination de la ou des substances actives
  • le dosage (s) en substances actives
  • l'indications thérapeutiques et justification de l’utilisation
  • l'informations sur les points suivants, le cas échéant :
    -  PH destinée à un (des) essai(s) clinique(s)
    -  PH destinée à un usage pédiatrique
    -  PH destinée à un usage gériatrique
    -  PH réalisée en sous-traitance pour le compte d’une pharmacie à usage intérieur
    -  PH destinée à réaliser une autre préparation
  • données pharmaceutiques :
    -  la dénomination des matières premières (substances actives, excipients si non inscrits à la Pharmacopée, adjuvants de préparation si d’origine biologique)
    - la quantité de substance active par unité de prise, ou la concentration pour les formes multidoses
    - l'existence d’une monographie à la Pharmacopée et l'indication de sa conformité (existence d’un CEP : certificat de conformité à la Pharmacopée européenne)
  • origine des matières premières (matière première en vrac ou spécialité pharmaceutique).
L'arrêt de réalisation d'une PH

L’arrêt de réalisation d’une PH doit être  déclaré :

  • lorsque la décision d’arrêter sa réalisation a été prise
  • au plus tard lors de la transmission à l’ANSM du bilan bisannuel qualitatif et quantitatif correspondant à la période au cours de laquelle cet arrêt a eu lieu.
Le bilan qualitatif et quantitatif des PH réalisées ou cessées

Les déclarants doivent effectuer tous les deux ans un bilan qualitatif et quantitatif des préparations réalisées ou cessées.
L’application de télédéclaration permet une restitution automatique du bilan.
Le bilan des PH réalisées en sous-traitance comporte l’identification des PUI pour le compte desquelles les déclarants (PUI ou établissement pharmaceutique) réalisent des PH.

Le bilan qualitatif couvre la période du 1er janvier de l’année n-1 au 31 décembre de l’année n.
Il est transmis au plus tard le 31 janvier de l’année n+1 (année paire).
En pratique, la première déclaration ayant eu lieu en 2004, le début de l’année n+1 correspond à une année paire.

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Comment déclarer ?

 

L'application informatique sécurisée  PrHosper  permet de :

  • déclarer des PH, les cessations et les modifications
  • consulter ses propres déclarations
  • établir automatiquement le bilan qualitatif et quantitatif bisannuel
  • rechercher, pour une substance donnée, les PUI qui réalisent des PH contenant cette substance (fonctionnalité réservée exclusivement aux PUI

Pour faciliter la déclaration l’application PrHosper met également à disposition des utilisateurs :

  • une liste de  substances actives
  • une liste de termes normalisés de formes pharmaceutiques
  • un référentiel de spécialités disposant d’une AMM en France.

Déclaration d'effet indésirable lié à l'utilisation d'une préparation hospitalière

Tout effet indésirable (réaction nocive et non voulue) lié à l'utilisation de préparations hospitalières doit être déclaré au système national de pharmacovigilance.

Les règles de déclaration des effets indésirables communes à l’ensemble des médicaments s'appliquent aux préparations hospitalières.

Un code spécifique est attribué par l'ANSM à chaque préparation hospitalière déclarée.  Il permet d'optimiser la déclaration d'éventuels effets indésirables et notamment de relier un effet indésirable à l’administration d’une PH donnée.

La déclaration peut être effectuée par les patients, les professionnels de santé, les laboratoires pharmaceutiques .

Les modalités et fiches de déclaration des effets indésirables sont spécifiques à chaque acteur.

Consulter la rubrique  : Déclarer un effet indésirable

Que fait l'ANSM pour assurer la sécurité des préparations?

L’ANSM s’assure que le recours à une PH est justifié  et analyse :

  • les préparations qui ne répondent pas à un besoin thérapeutique identifié et pourraient être remplacées par des spécialités pharmaceutiques déjà disponibles en France dans le cadre d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) ou d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU).
    L'ANSM demande dans ce cas aux PUI de cesser la distribution de ces  PH.
  • les préparations répondant à un besoin thérapeutique identifié  qui sont nécessaires et sans équivalent thérapeutique.  L'ANSM propose une harmonisation de formules  des préparations pour améliorer et standardiser leur réalisation et leur contrôle dans le respect d’une qualité optimale. Une  formule est élaborée puis publiée dans la Pharmacopée française. Le pharmacien est alors tenu de se conformer strictement à la formule décrite.
Lire aussi 
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L’ANSM identifie les préparations "potentiellement à risque " et évalue les effets indésirables des PH.

Elle réalise un état des lieux de l’utilisation de ces préparations à l’hôpital, et si nécessaire en ville, en menant une enquête auprès de PUI et de pharmacies d’officine.
Elle procède ensuite à une évaluation de leur toxicité, en sollicitant l’avis d’experts. Elle peut alors prendre des mesures de police sanitaire adéquates telles qu’interdictions, restrictions.

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L’ANSM  mène des inspections dans les établissements pharmaceutiques  et les établissements pharmaceutiques au sein des établissements de santé

Les préparations saisies lors de ces inspections sont analysées par ses laboratoires. Des actions correctives sont  demandées, le cas échéant.

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L’ANSM contribue au suivi de la réglementation , et plus particulièrement en ce qui concerne  les bonnes pratiques de préparation.

Elle pilote  l'actualisation  du guide de bonnes pratiques de préparation s’appliquant aux officines de pharmacies et aux pharmacies à usage intérieur publié en 2007.

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