Les logiciels et les applications mobiles dans le domaine de la santé connaissent actuellement un essor important, qu’il s’agisse de leur nombre ou de leur diversité, notamment au regard des innovations technologiques. Certains de ces logiciels sont des dispositifs médicaux (DM) ou des dispositifs médicaux de diagnostic in vitro (DM DIV), car ils ont une finalité médicale. Ils doivent, de ce fait, être marqués CE comme tous les DM et DMDIV. Le marquage CE atteste de leur conformité à la réglementation. Ils entrent alors dans le champ de surveillance de l’ANSM. |
L’objectif ici est d’apporter un éclairage réglementaire aux différents opérateurs concernés par ce domaine, notamment sur la qualification de ce type de produits en tant que dispositif médical au regard de la réglementation applicable, à l’aide de différents exemples caractéristiques et sur les modalités de leur mise sur le marché .
Par ailleurs, l’entrée en vigueur du Règlement européen 2017/745 relatif aux DM du 5 avril 2017 (application obligatoire à compter du 26/05/2021), et celle du Règlement 2017/746 relatif aux DMDIV (application obligatoire à compter du 26/05/2022) ainsi que la récente jurisprudence européenne, rendent nécessaires tant un focus sur l’impact pour les opérateurs à court et moyen terme, qu’une mise à jour des éléments d’interprétation et d’application en la matière.
1 | Le statut du logiciel ou de l’application est défini par sa destination d’usage et l’exploitation de données entrantes |
La destination , également appelée revendication , est fixée par le fabricant (l’éditeur) de l’application. Elle est décrite dans la notice, l’étiquetage mais également dans le matériel promotionnel.
Les logiciels et applications utilisés dans le champ de la santé ne relèvent pas tous du statut de DM ou de DM DIV.
La qualification d’un logiciel demande une évaluation au cas par cas de la destination et des spécificités de chacun pour caractériser la finalité médicale du produit.
Pour être qualifié de DM ou DM DIV, le logiciel doit présenter les critères cumulatifs suivants :
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Conséquences de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 07 décembre 2017
C’est pourquoi, n’est pas qualifié de DM ou DM DIV un logiciel :
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2 | Point particulier sur les Logiciels d’Aide à la Prescription (LAP) |
Suite à l’arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne du 07/12/ 2017, le Conseil d’Etat du 12 juillet 2018 considère "que des logiciels d’aide à la prescription médicale constituent, pour celles de leurs fonctionnalités qui permettent l’exploitation des données propres à un patient à des fins mentionnées à l’article 1er, paragraphe 2 de la Directive 93/42/CEE,du 14 juin 1993, des dispositifs médicaux au sens de cette directive".
3 | Impact de l’arrêt de la CJUE de 2017 sur la qualification des logiciels |
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a également apporté une définition, ou du moins des critères applicables à tout logiciel ou application mobile en santé et fournit ainsi une aide utile et souvent concrète à la qualification des produits en DM.
Ces critères permettent de cerner plus précisément la notion de finalité médicale, et d’exploitation de données.
Aussi, un logiciel qui effectue un recueil de données propres à un patient, doit permettre l’exploitation de ces données (les croiser et les analyser conjointement avec d'autres données) dans un but médical spécifique comme traiter, diagnostiquer ou aider au diagnostic pour être qualifié de DM.
La présentation de la qualification des logiciels et applications mobiles en santé, par l’application combinée des dispositions règlementaires et des apports de la CJUE, peut être faite sous forme d’un logigramme (25/01/2019) (21 ko).
4 | Exemples de logiciels et applications mobiles illustrant le positionnement réglementaire |
La qualification d’un logiciel comme dispositif médical demande une évaluation au cas par cas. Les exemples des types de logiciels suivants ont fait l’objet de questionnements sur leur statut auprès de l’ANSM.
Parmi cette liste non exhaustive figurent des logiciels qui, en raison de leur destination et de leurs caractéristiques, répondent à la définition du dispositif médical ou à celle du dispositif médical de diagnostic in vitro. D'autres exemples, en revanche, ne répondent ni à l'une, ni à l'autre définition.
Cette liste n’est pas exhaustive :
Pour toute question concernant les aspects de qualification et classification : Contacter : dmcdiv@ansm.sante.fr
ANSM
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La qualification de DM ou DM DIV retenue pour une application contraint son éditeur (qui devient fabricant de DM) à et sans s’y limiter :
1 - Démontrer la conformité aux exigences essentielles applicables aux DM ou DM DIV de son application conformément aux procédures prévues dans les directives européennes correspondantes. Certaines procédures requièrent l’intervention d’un organisme notifié, notamment pour la certification du système qualité de l’entreprise.
2 - Réaliser une analyse de risque et constituer une documentation technique
3 - Mettre en place un système de vigilance (gestion des incidents) et être apte à gérer le rappel ou la diffusion de versions logicielles correctives vers les utilisateurs.
4 - Mettre en place un système de surveillance « post mise sur le marché » base d’un système de gestion du risque tout au long du cycle de vie du DM ou DM DIV.
5 - Mettre en place une démarche qualité indispensable pour réaliser ces opérations.
6 - Respecter les obligations de déclaration et de communication des nouveaux produits mis sur le marché auprès des autorités compétentes qui s’imposent à lui.
7 - Prendre en considération les exigences linguistiques propres à certains états membres de l’Union européenne. Pour rappel, sur le territoire national, la langue utilisée est le français.
1 | Les LAP et autres logiciels impactés par l’arrêt de la CJUE |
Les LAP
Au vu des changements réglementaires imposés par l’arrêt de la CJUE, le fabricant de LAP doit analyser quelles sont les fonctionnalités impactées par le changement de statut. L’analyse du statut se fera pour chacune des fonctionnalités, au vu de la finalité de chacune d’entre elles.
En tant que DM, les fonctionnalités d’un LAP concernées par l’arrêt de la CJUE, c’est-à-dire les fonctionnalités qui permettent l’exploitation de données propres à un patient, aux fins notamment de détecter les contre‑indications, les interactions médicamenteuses et les posologies excessives , et répondent dorénavant à la définition du dispositif médical doivent donc désormais respecter les obligations qui s'imposent à ce type de produits, telles que:
Autres logiciels et modules impactés
Les éditeurs doivent engager également dès maintenant des mesures de mise en conformité (par exemple, un LAD qui ne serait pas uniquement destiné à la dispensation de médicaments mais permettrait aussi de détecter les contre-indications et/ou les interactions médicamenteuses et/ou les posologies excessives).
2 | Règlement 2017/745 relatif aux Dispositifs médicaux : entrée en vigueur le 26 mai 2021 |
Le Règlement 2017/745 relatif aux DM imposera une nouvelle règle de classification spécifique aux logiciels (règle 11).
Ainsi, à partir du 26 mai 2021, une grande partie des logiciels ayant le statut de DM relèveront au minimum de la classe IIa, voire IIb ou III en fonction de l’impact lié à son utilisation sur le patient. Le guide d’interprétation de cette nouvelle règle est paru en octobre 2019 .
Par ailleurs pour ceux déjà marqués CE au titre de la Directive 93/42/CEE, comme explicité plus haut, le rectificatif du règlement (Journal officiel de l’Union européenne du 27 /12/2019) permet au fabricant de continuer à mettre sur les marché son logiciel, en tant que dispositif de classe I marqué CE au titre de la Directive 93/42/CEE, après le 26 mai 2021, et ce jusqu’au 26 mai 2024.
Il appartient aux éditeurs de logiciels dispositifs médicaux de prendre dès à présent toutes les dispositions utiles et nécessaires pour engager la procédure de certification nécessaire auprès d’un organisme notifié de leur choix.
3 | Le Règlement 2017/746 relatif aux Dispositifs médicaux de diagnostic in vitro : entrée en vigueur le 26 mai 2022 |
Le Règlement 2017/746 relatif aux DM DIV imposera de nouvelles règles de classification en fonction de la destination des dispositifs.
Un guide spécifique d’interprétation sur la classification des DM DIV dans le futur Règlement est en cours de préparation au niveau européen
Il appartient aux éditeurs de logiciels dispositifs médicaux de prendre dès à présent toutes les dispositions utiles et nécessaires pour engager la procédure de certification nécessaire auprès d’un organisme notifié de leur choix.