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Informations pour les patients - Questions / Réponses

Mis à jour le 30/04/2012

  1. Qu’est-ce que le Médiator® (benfluorex) et dans quels cas était-il indiqué ?
  2. Quels sont les risques associés à la prise du Médiator® ?
  3. Qu'est ce qu'une valvulopathie ?
  4. Pourquoi le Médiator® est-il toxique pour les valves cardiaques ?
  5. Quand et pourquoi ce médicament a-t-il été retiré du marché ?
  6. Comment l’Afssaps a-t-elle informé les patients ?
  7. Pourquoi n’ai-je pas reçu le courrier alors que j’ai été traité par Médiator® ?
  8. Je sais que j’ai pris du Médiator® mais je ne me souviens pas des périodes, comment puis-je me faire aider ?
  9. J’ai écrit à l’Afssaps au sujet de Médiator®, mais je n’ai pas encore de réponse
  10. Que dois-je faire si j’ai été traité par Médiator® par le passé ?
  11. Comment se passe l’échographie cardiaque ?
  12. Comment sont pris en charge les consultations et les examens liés au Médiator® ?
  13. Que se passe-t-il après l’échographie ?
  14. Que faire si je pense présenter un effet indésirable lié au Médiator® ?
  15. Comment obtenir réparation des dommages liés au Médiator® ?

Qu’est-ce que le Médiator® (benfluorex) et dans quels cas était-il indiqué ?

Médiator® (Laboratoires Servier) a été commercialisé en France de 1976 à 2009.

Deux génériques (Benfluorex Qualimed 150 mg et Benfluorex Mylan 150 mg) ont aussi été commercialisés dans le courant de l’année 2009 et retirés en novembre 2009, en même temps que Médiator®.

Initialement, le Médiator® était prescrit chez des patients ayant un taux de graisses trop élevé dans le sang (hypertriglycéridémie) ou un taux de sucre trop élevé dans le sang (hyperglycémie).

Au moment du retrait du produit, sa seule indication était en complément au régime adapté chez les diabétiques en surcharge pondérale.

Il a aussi été utilisé, hors du cadre de son Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), dans l’aide à la perte de poids, chez des personnes non diabétiques ou ne présentant pas d’anomalie du taux de triglycérides.

Sur toute la durée de sa commercialisation, environ 5 millions de patients ont été traités par Médiator®, avec une durée moyenne de prise du médicament d’environ 18 mois ; 2,9 millions d’entre eux ont consommé du benfluorex pendant une durée de 3 mois ou plus.

Quels sont les risques associés à la prise du Médiator® ?

La prise de Médiator® est susceptible d’entraîner une valvulopathie , c'est-à-dire un mauvais fonctionnement des valves cardiaques qui se manifeste par une fuite (ou insuffisance) valvulaire.
Ces complications, en particulier les valvulopathies les plus graves, nécessitant un traitement chirurgical, sont peu fréquentes. Leur importance varie selon les personnes et la durée du traitement par Médiator®.

Un autre risque cardiovasculaire concerne une pathologie rare appelée Hypertension Artérielle Pulmonaire  (HTAP). 
L’HTAP est une maladie grave qui perturbe la circulation du sang à l'intérieur des poumons. Il ne faut pas la confondre avec l’hypertension artérielle commune (HTA).
Vous trouverez plus d’informations sur l’HTAP en consultant le site de l’association HTAP France .  Le risque de développer une HTAP après consommation de Médiator® existe mais est extrêmement rare.

Lire aussi

Médiator® - Informations complémentaires sur les risques cardiovasculaires (18/03/2011) application/pdf (27 ko)

Qu'est ce qu'une valvulopathie ?

Les valves cardiaques peuvent présenter des anomalies dans leur fonctionnement, liées soit

  • à des atteintes de leur structure, d’origine congénitale ou secondaire à certaines affections (par exemple, un vieillissement anormal ou un rhumatisme articulaire aigu qui est une maladie, aujourd’hui exceptionnelle, liée à une infection survenue dans l’enfance),
  • soit à de mauvaises conditions de fonctionnement du cœur (insuffisance cardiaque de toute origine). Ces anomalies peuvent entraîner des rétrécissements ou des fuites par défaut d’étanchéité - on parle alors d’insuffisance valvulaire.

Environ 2,5% de la population présente des anomalies des valves avec une fréquence qui augmente avec l’âge  (8,5% entre 65 et 74 ans et 13,2% après 75 ans).
Les symptômes et les conséquences sur la santé liées aux atteintes des valves cardiaques varient considérablement selon la maladie responsable et sa gravité. Cela peut aller d’atteintes imperceptibles à des symptômes obligeant à des hospitalisations et une chirurgie cardiaque.

Pourquoi le Médiator® est-il toxique pour les valves cardiaques ?

Au niveau des valves du cœur existent des sites microscopiques sur lesquels se fixe une substance naturelle de l’organisme, la sérotonine, qui joue un rôle dans la transmission des influx nerveux (neurotransmetteur) : ces sites sont appelés récepteurs 5-HT2B.
Certains médicaments interfèrent avec la fixation de la sérotonine sur ces récepteurs et les stimulent ; c’est cette stimulation qui entraîne la formation de lésions des valves cardiaques.
Parmi ces médicaments, on retrouve :

  • des substances de la même famille que le Médiator®, les fenfluramines,
  • mais aussi des médicaments dérivés de l’ergot de seigle (méthysergide, ergotamine, pergolide…) utilisés dans le traitement de la migraine ou de la maladie de Parkinson ; la plupart de ces médicaments ont été retirés du marché ou pourraient l’être prochainement , suite à une réévaluation européenne de leurs bénéfices et de leur risques.

Certains antidépresseurs impliquant la sérotonine (dits ISRS ou inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) ont également été suspectés, car ils se fixent aussi sur les récepteurs 5-HT2B.
Cependant, il a été démontré qu’ils ne stimulaient pas ces récepteurs (effet antagoniste) et aucune étude épidémiologique n’a retrouvé de lien entre la prise de ces antidépresseurs et la survenue de lésions valvulaires.

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Quand et pourquoi ce médicament a-t-il été retiré du marché ?

En 1999, un premier cas de valvulopathie est signalé par un médecin marseillais, chez un patient asymptomatique.

En 2003, un premier cas de valvulopathie sévère fait l’objet d’une publication en Espagne (Revue Espagnole de Cardiologie).

En 2005, les résultats d’une enquête de pharmacovigilance portant sur les risques d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et de troubles neuropsychiques ont conduit à ajouter, dans l’information destinée aux médecins et dans la notice, les effets indésirables suivants : confusion, désorientation, agitation et hallucinations ; puis à supprimer, en 2007 après réévaluation du rapport bénéfice/risque du benfluorex, son indication dans le traitement de certaines anomalies du taux de graisses dans le sang (hypertriglycéridémie).

Au mois de février 2008, un nouveau cas de valvulopathie induite par le Médiator® et ayant entraîné un remplacement valvulaire est notifié au CRPV de Brest, qui en signale plusieurs autres début 2009.

Au total entre 1999 et 2008, 7 cas de valvulopathie chez des patients exposés au Mediator seront notifiés en pharmacovigilance dont un cas publié par le CHU de Toulouse.

Au printemps 2009, l’Afssaps examine les données issues de cette série de cas de valvulopathies, ainsi que de nouveaux cas d’HTAP, notifiés au système national de pharmacovigilance et faisant par ailleurs l’objet d’une première publication scientifique (rapportant 5 cas d’HTAP et un cas de valvulopathie). Le risque statistique de valvulopathie est confirmé par les résultats de deux études, l’une menée au CHU de Brest et l’autre réalisée par les Laboratoires Servier à la demande de l’Afssaps.

Fin 2009, une troisième étude menée par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) montre également une augmentation du risque de valvulopathie chez les patients traités par benfluorex.
Au vu de l’ensemble des données recueillies depuis 1999 et établissant le risque de valvulopathie, ainsi que des données d’efficacité modeste dans la prise en charge du diabète de type 2, la balance bénéfice-risque est jugée défavorable : Médiator® et ses génériques sont retirés du marché le 30 novembre 2009.

Comment l’Afssaps a-t-elle informé les patients ?

L’Afssaps a adressé un courrier (02/12/2010) application/pdf (259 ko) aux personnes qui ont pris du Médiator® ou un de ses génériques entre 2006 et 2009.
Sur la base des données de remboursement de l’assurance maladie, ce courrier a été envoyé (en plusieurs vagues) par l’assurance maladie à toutes les personnes auxquelles ce médicament avait été délivré sur ordonnance en pharmacie. Il les informait des risques cardiaques potentiels liés à la prise de Médiator® et leur recommandait de consulter leur médecin traitant à ce sujet.

Pourquoi n’ai-je pas reçu le courrier alors que j’ai été traité par Médiator® ?

Si vous n’avez pas reçu ce courrier, ou si vous l’avez égaré, sachez que vous n’en avez pas besoin pour aller voir votre médecin traitant.

Les organismes d’assurance maladie ne disposent pas de données de remboursement nominatives antérieures à 2006.
Il n’est donc pas possible de rechercher les personnes ayant consommé du Médiator® avant 2006 : ces personnes ne recevront donc pas de courrier de l’Afssaps et leur caisse d’assurance maladie ne pourra pas éditer d’attestation de remboursement de Médiator® les concernant.

Je sais que j’ai pris du Médiator® mais je ne me souviens pas des périodes, comment puis-je me faire aider ?

Vous devriez pouvoir obtenir cette précision auprès du médecin qui vous suit et qui détient votre dossier médical ou auprès de votre pharmacien qui est tenu de conserver pendant 10 ans un ordonnancier pour tout médicament délivré sur prescription médicale.

J’ai écrit à l’Afssaps au sujet de Médiator®, mais je n’ai pas encore de réponse

A ce jour, de nombreux courriers de patients relatifs au Médiator® ont été adressés à l’Afssaps. Ils font tous l’objet d’une réponse personnalisée, et certains sont encore en cours de traitement.
Par ailleurs, de nombreux envois concernent une déclaration d’effet indésirable, via une association de patients. Ils donneront lieu à un courrier spécifique pour accuser réception de cette déclaration.

Que dois-je faire si j’ai été traité par Médiator® par le passé ?

Si vous avez été traité par Médiator®, vous devez prendre rendez-vous avec votre médecin traitant (si vous ne l’avez pas déjà fait depuis le retrait du produit en novembre 2009), afin qu’il puisse rechercher tout symptôme ou signe évocateur d’une fuite valvulaire ou d'une HTAP : essoufflement à l’effort, œdème (gonflement) des membres inférieurs, fatigue inexpliquée…
Si nécessaire, l’avis d’un cardiologue et la réalisation d’une échographie cardiaque seront demandés par votre médecin traitant.

Comment se passe l’échographie cardiaque ?

L'échographie cardiaque ou échocardiographie Doppler est un examen non douloureux. Sa durée est de l’ordre de 30 minutes.

Cet examen permet d'obtenir de très nombreux renseignements sur la morphologie et la fonction des différentes structures composant le cœur (valves, myocarde, endocarde, péricarde) et des gros vaisseaux (aorte, artère pulmonaire, veines caves...).
Enfin, l'échographie permet de voir le mouvement du sang dans les différentes structures du cœur et des artères, c'est ce qu’on appelle le "Doppler".

Pour réaliser l’échographie cardiaque, un capteur est posé sur votre thorax, émettant et recevant des ultrasons, comme une sorte de micro. La machine transforme ces échos en images dynamiques. Ces mouvements du coeur peuvent être enregistrés et certaines images arrêtées sont reproduites sur des documents papier, qui vous seront remis ou qui seront adressés à votre médecin traitant. Dans la plupart des cas, le cardiologue pourra aussi vous remettre l’enregistrement de votre échographie.

Comment sont pris en charge les consultations et les examens liés au Médiator® ?

A l’issue des examens, vous devez adresser à votre caisse d’assurance maladie une demande de remboursement à 100% pour les examens réalisés à la suite de votre consommation de Médiator®, en précisant la date  des actes réalisés.

Le remboursement à 100% se fera sur la base du tarif habituel de la sécurité sociale.
Il concerne l’échographie cardiaque ainsi que les consultations chez le médecin traitant et chez le cardiologue. Seule la participation forfaitaire de 1 euro sur la consultation sera appliquée.

Attention, le remboursement n’inclura pas les éventuels dépassements d’honoraires qui peuvent, le cas échéant, être pris en charge partiellement ou totalement par une assurance complémentaire santé.
Ainsi, la sécurité sociale vous remboursera à hauteur de 23 € pour la consultation du généraliste, 28 € pour la consultation du spécialiste et 95,66 € pour l’échographie cardiaque. N’hésitez pas à vous renseigner au préalable auprès de votre médecin.

Il est possible – notamment en cas de prise en charge au titre d’une affection de longue durée – que les examens aient d’emblée été remboursés à 100%.
Si ce n’est pas le cas, un complément de remboursement des examens sera réalisé.

Que se passe-t-il après l’échographie ?

Si l’échographie cardiaque ne montre pas d’anomalie des valves, il est très improbable que de nouvelles complications surviennent après l’arrêt du traitement.
Si l’examen détecte une anomalie et en fonction de sa gravité, le cardiologue discutera avec vous des modalités de suivi adaptées à votre cas :

  • si la fuite valvulaire est minime ou modérée : une échographie de contrôle vous sera proposée dans un an ;
  • si la fuite valvulaire est importante : votre médecin vous conseillera une surveillance par échographie cardiaque régulière et envisagera, si cela lui parait approprié, en fonction des symptômes que vous présentez, la mise en place d’un traitement médical, voire une intervention chirurgicale.

On ne connait pas encore précisément l’évolution de l’ensemble de ces fuites après l’exposition au Médiator® : certaines peuvent s’aggraver et d’autres se stabiliser ou s’améliorer.
C’est pourquoi une étude observationnelle (REFLEX) a été mise en place par l’Afssaps et l’INSERM en juillet 2011 afin de suivre sur 3 ans un échantillon de 1 000 patients présentant une fuite valvulaire (en cours de recrutement ).

L’échographie cardiaque peut aussi détecter une Hypertension Artérielle Pulmonaire (HTAP). Cette autre complication possible est beaucoup plus rare. Si elle survenait, son signalement est important.

Votre cardiologue vous adressera alors à un des centres de traitement spécialisé (centre de compétence régional de l’HTAP). Ce réseau permet d'offrir une prise en charge coordonnée, du diagnostic jusqu'au suivi thérapeutique. Il s’articule autour d’un centre de référence national et de 22 centres de compétence régionaux, où les patients peuvent être suivis en continu ou en alternance avec le centre de référence national.

Que faire si je pense présenter un effet indésirable lié au Médiator® ?

Si cela n’est pas encore fait, il est indispensable que vous consultiez votre médecin traitant pour qu’un diagnostic précis soit établi et des soins adaptés à votre situation mis en œuvre.

Dans le cadre du suivi global des patients exposés au Médiator®, les cas d’effets indésirables liés à ce médicament doivent pouvoir être pris en compte par le système national de pharmacovigilance, pour en avoir une meilleure connaissance.

Si votre médecin constate que vous présentez un effet indésirable susceptible d’être lié à la prise de benfluorex, il le déclarera au Centre Régional de Pharmacovigilance   (CRPV) dont vous dépendez géographiquement.

Si votre médecin ne l’a pas déjà fait, vous avez la possibilité d’effectuer vous-même cette déclaration .
 Vous pouvez également vous rapprocher d’une association de patients : les associations de patients ont en effet joué un rôle important dans la remontée des déclarations via un dispositif spécifique mis à leur disposition par l’Afssaps.

Comment obtenir réparation des dommages liés au Médiator® ?

Les démarches d’indemnisation sont indépendantes du suivi de pharmacovigilance. Ainsi, la transmission d’une fiche de déclaration à l’Afssaps n’entraîne pas l’ouverture d’un dossier pour réparation.

Les aspects d’indemnisation des victimes dépendent de l’ONIAM  (Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux).

Depuis le 1er septembre 2011, le dispositif  d'indemnisation des victimes du  Médiator® est entré en vigueur.
Il s’agit d’une procédure à l’amiable, gratuite, qui permet une indemnisation intégrale des victimes, sans toutefois les empêcher d’intenter une action en justice, si elles le souhaitent.
 

Pour plus d’informations sur la démarche, la constitution du dossier et le formulaire à compléter, nous vous invitons à contacter l’ONIAM :

  • par téléphone : 0810 600 160
  • par mail : benfluorex@oniam.fr
  • ou sur le site  www.oniam.fr
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